OÙ EST LE MOUVEMENT QUAND LE MONDE ENTIER EST OBLIGÉ DE S'ARRÊTER ?
C'est cette question qui a inspiré l'artiste Kamel Yahimi pour réaliser cette série d'aquarelles lors du premier confinement en 2020 dans l'exposition qui inaugure la galerie d'art Electric. L'artiste nous offre son interprétation de la situation mondiale inédite à ce moment-là : une poétique picturale qui, à première vue, se rapproche de la tradition impressionniste de la fin du XIXe siècle. C'est-à-dire, la peinture en plein air, comme un instrument pour capturer un moment spécifique dans un paysage particulier. Cependant, les similitudes avec l'impressionnisme s'arrêtent là.
Il y a dans sa méthode de travail une critique de la dépendance numérique, de la facilité de reproduction des images via l'accès aux smartphones, de la surexposition provoquée par les réseaux sociaux et de l’addiction à l'écran, désormais si habituelle et si potentialisée par la pandémie. Le choix de l'aquarelle monochrome comme outil de représentation est donc presque une action révolutionnaire dans ce contexte. Beaucoup plus proche d'une pratique de documentation contemporaine, où il est admis que des éléments extérieurs au champ visuel, tels que le mouvement, le déplacement et l'éphémère, font partie intégrante de l'œuvre d'art. Et que ce travail, fruit d'une situation exceptionnelle se produit et s'organise dans un espace externe : l'intérieur de la galerie d'art.
Kamel a quitté la grande ville pour vivre à la campagne. Avant que nous puissions nous rendre compte de la nécessité de nous rapprocher de la nature, avant que le monde ne soit confronté à une pandémie et ne soit obligé de s'arrêter littéralement. Ainsi, le monde étant paralysé, l'artiste a trouvé dans le ciel et ses nuages, un ciel sans avions, un mouvement perpétuel, une dynamique éphémère et nécessaire pour réaliser ses œuvres.
Dans une galerie à l'intérieur d'un nouveau centre culturel, à contre-courant de l'exode de la ville vers la campagne, le choix de l'exposition inaugurale avec Kamel peut sembler paradoxal mais, en fait, il est absolument justifié et naturel. Artiste aux multiples facettes, Kamel a également pu collaborer avec notre équipe sur différents projets, notamment le logo de l'Electric, qu'il a conçu.
Cette exposition est une invitation à la réflexion sur l'impact de la pandémie en tant que déclencheur créatif.
Lavinia Góes