• JULY FOURTH

« The Sound of July de Rosanna Lefeuvre évoque la vue d'une fenêtre encadrée par la forme rectiligne de l'œuvre. La lumière rebondit sur la vitre invisible ainsi que sur les rideaux translucides, ricochant à travers les contours fluides d'une parcelle de ciel remplie d’arbres, par une journée caniculaire de juillet.
Issue de plusieurs sources photographiques, l'œuvre qui en résulte est un objet hybride, qui ouvre une vision sur des préoccupations partagées par les artistes de cette exposition : comment les textiles pourraient-ils provoquer et faciliter des déplacements productifs d'images, de textures et de formes ? Comment pourraient-ils tisser de nouvelles connexions interdisciplinaires entre l'œuvre d'art et le monde actuel ? 
Lefeuvre est l'une des huit artistes présentés dans July Fourth, ainsi intitulée en raison de la date de son inauguration. Bien que toutes les œuvres exposées ne soient pas littéralement ou traditionnellement des textiles, elles sont unies par leur sensibilité matérielle et conceptuelle à la fibre, affichant différentes approches de ce que nous pourrions appeler la « pensée textile ». De cette manière, les artistes de l'exposition illustrent un changement initié par les artistes européen.ne.s et américain.e.s de la fibre des années 1960 et 1970, dont les innovations en fil et en tissu ont propulsé ces matériaux dans la sphère de l'art contemporain. Jadis, incarnant le débat sur la distinction entre art, design et artisanat, les textiles ont bénéficié de leur omniprésence dans le monde de l’art, ces dernières années, glissant librement entre ces domaines. Cette situation de plus en plus féconde a permis un réexamen croissant de la place, autrefois négligée, des textiles dans les histoires du 20ème siècle, ainsi qu'une conscience accrue de leur potentiel pour les artistes du 21ème. 

En mettant l’accent sur la tactilité, l'incarnation et une ouverture vers d'autres médias, les œuvres de July Fourthincarnent ce vaste changement. Les artistes de l'exposition s'appuient sur la propension du textile à la promiscuité des supports - ce que T'ai Smith appelle "l'antidisciplinarité particulière de la pensée textile" - en déployant le plan flexible pour créer des œuvres qui perturbent les distinctions entre processus manuels et mécaniques. 

Pour beaucoup, la photographie - longtemps prisée (et décriée) pour ses qualités mimétiques - sert de point de départ productif dans une chaîne de transformations matérielles, qui rendent leurs sujets de plus en plus abstraits. Dans les photo-tapisseries qui en résultent, ces artistes mettent en évidence la matérialité haptique du plan vertical. D'autres, quant à eux, soulignent la capacité de la fibre à occuper l'espace. Qu'ils utilisent des objets prêts à l'emploi, des armatures sculpturales ou des matériaux fibreux expansifs, ces artistes utilisent les textiles pour évoquer les rythmes et les textures de la vie quotidienne. 

Comme pour la photographie, la peinture émerge comme une pierre de touche dominante. L'exposition inclut deux œuvres qui pourraient être catégorisées comme des peintures, mais qui mettent autant en avant les qualités textiles de leurs supports (toile non tendue, papier fibreux) que leur imagerie peinte. À cette lumière, nous les voyons comme des textiles peints. Plusieurs des tapisseries, d'autre part, évoquent la proximité historique de ce médium avec la peinture, faisant référence à son esthétique historique, ou jouant sur les propriétés picturales du fil.