Voilà longtemps que je rêve autour du Journal d’une femme de chambre. Sans doute l’œuvre la plus connue et pourtant la plus mystérieuse d’Octave Mirbeau. Il y a dans ce texte sans concession, lucide, terrifiant et pourtant très drôle, une vérité, une modernité encore scandaleuse. Une analyse sans concession qui raconte nos paradoxes et nos folies.
Ce que nous montre Célestine, au-delà de l’hypocrisie d’une société qui cache sa crasse sous les tapis, c’est notre humanité, dans sa solitude et ses paradoxes. Jeu de massacre, le texte n’épargne personne. Aucune strate de la société. Des pauvres aux riches, personne ne sort grandi de ce brûlot !
Alors bien sûr d’abord, il y a la sensualité de Célestine, son attrait morbide pour Joseph, mais dans ce texte, maitres et domestiques se renvoient leur perversion et leur laideur dans une structure vertigineuse. Pas de gentils, nous sommes tous coupables ! Porter ce texte au théâtre, c’est lui rendre son parfum de scandale, de révolte, sa drôlerie noire et cynique. J’aimerais que le spectateur soit comme un intime, à qui l’on avoue l’inavouable. Dans la chambre même de Célestine, au plus proche.
Pourtant, si étouffante et morbide que soit l'atmosphère, si décourageante que soit la perspective d'une humanité vouée au pourrissement et au néant, l'écriture se mue en thérapie. Ce qui devrait être source d'écœurement se révèle tonique et jubilatoire ; de l'exhibition de nos tares naît un amusement contagieux ; du fond du désespoir s'affirme la volonté d'un mieux-être qui aide à supporter moins douloureusement une existence absurde.
Très étrangement dans sa noirceur, dans son dégout, dans sa terrifiante lucidité, le roman d’une femme de chambre nous pousse à chercher une sérénité, un équilibre, et sans doute un épanouissement salutaire. Plonger en enfer, pour comprendre qu’il existe un paradis.
Un voyage nécessaire.
Le nouvel Observateur | " Grand spectacle que ce seule-en-scène qui se joue sur un plateau d'à peine 20 mètres carrés !" " |
Froggy's Delight | " Une performance de très haut vol " |
SNES FSU | " Peut-être le plus beau seul(e) en scène de cette rentrée " |