En empruntant ce beau titre à un certain Sigmund Freud, nous ne voulons pas plonger les spectateurs dans une psychanalyse photographique, loin de là ! Nous désirons au contraire partager ce sentiment d’étrangeté que chacun d’entre nous a rencontré devant certaines démarches artistiques contemporaines qui s’éloignent du reportage ou des thèmes classiques.
La photographie d’auteur a cette étonnante capacité de se nourrir du réel pour atteindre une forme de fiction, voire de science-fiction. Les 7 artistes que nous avons réunis dans cette exposition le montre amplement. Ainsi Anne Mougin construit des paysages urbains qui nous semblent à la fois familiers et qui pourtant adoptent les codes du cinéma d’anticipation. Corinne Cominelli nous confronte à des sujets ordinaires (un radiateur, un parking…) et les transforme en des objets et des espaces pleins de mystères, de matières et de couleur. On retrouve cette volonté de malmener le réel chez Tanara Stuermer. Venue du Brésil, cette étonnante photographe nous montre un monde européen sous plastique, créant des formes abstraites qui nous rappellent que nous perdons de plus en plus le contact direct avec le monde tangible. A moins de suivre la voie poétique qu’emprunte Marie Lusteau dans un style sobre et minimaliste. Ses formats carrés nous font ressentir la sensualité de l’été et la douce légèreté du vent… et des sentiments ! On reste dans un monde parallèle avec les énigmatiques diptyques de Fotini Kaparelou. Installée au Luxembourg, d’origine grecque, cette autrice nous propose des associations riches en significations cachées et en beautés visuelles. Avec elle, Sigmund Freud est en arrière plan… comme avec Joëlle Bazire, bien sûr, qui a mis en scène sa vie de famille, avec une esthétique cinématographique et un humour à froid aussi séduisant que surprenant.