Un anonymat farouche, des animaux qui le sont beaucoup moins et une technique pas banale. Bienvenue dans le monde étrange du street artist WAR!.
Super-héros. Un pseudo-guerrier inspiré par une chanson de Bob Marley, des tenues militaires et une cagoule pour dissimuler son visage. Au premier abord, on pourrait trouver WAR! bien inquiétant.
Il n’en est rien : le Français affectionne la douceur et aime redonner de la poésie aux murs gris des villes en y peignant des animaux et des fleurs.
«Cet anonymat et ce costume me permettent d’être comme un super-héros. Ils me transcendent quand je crée, ils sont le prolongement de mon travail artistique.»
Perche. Tout commence vraiment en 2009, quand WAR! arrive à Rennes. L’ancien tagueur délaisse la bombe aérosol pour la perche.
Une technique très physique : il s’agit de porter à bout de bras une canne de 6 à 10 mètres avec un rouleau de peinture au bout, qui lui permet d’atteindre des endroits a priori inaccessibles et d’y poser des motifs d’une étonnante précision. S’il se défend d’être un artiste militant, ses oiseaux et coquelicots XXL sont autant d’appels à la nature au milieu de la ville.
Grotte. Cette passion de dessiner des animaux sur les murs l’a conduit presque naturellement à renouer avec l’art pariétal de la préhistoire. Il a ainsi contribué cette année à l’animation en son et lumière d’une salle d’exposition de la grotte Chauvet, visible pour encore au moins deux ans.
«Une drôle d’expérience que de peindre les mêmes bêtes avec trente-six mille ans d’écart!»
Chasse. Invité par le musée de la Chasse et de la Nature à participer à l’exposition de street art Incursions sauvages, le Rennais a troqué ses perches pour des pinceaux et réalisé un long mur qui mérite à lui seul la visite. Un troupeau d’animaux disparates mais unis y traverse en courant une ville débarrassée des hommes, sans que l’on sache vraiment s’il se réapproprie l’endroit… ou le quitte avec joie.
Un travail de longue haleine : « C’est une fresque qui fourmille de détails, il m’a fallu neuf jours, à raison de dix heures par jour, pour la finir!»