David Zwirner a le plaisir de présenter une sélection d’œuvres récentes de Huma Bhabha au sein de sa
galerie parisienne. D i st ant S t ar rassemble six sculptures et une série de dessins de grande taille, dans
lesquels l’artiste explore de nouveaux horizons esthétiques en s’essayant à des matériaux jusqu’ici
inédits dans sa pratique. L’exposition coïncide avec une présentation d’œuvres de Bhabha en dialogue
avec des sculptures d’Alberto Giacometti au Barbican Centre, à Londres, jusqu’en août 2025.
À l’instar d’une sentinelle mystérieuse ou d’un phare dans la nuit, l’œuvre D i st ant S t ar (2025), qui donne
son titre à l’exposition, domine de sa taille la première salle de la galerie. La sculpture en fonte semble
éternellement suspendue dans l’observation et l’attente, comme pétrifiée par sa propre solennité. Son
apparence évolue néanmoins au fil du processus d’oxydation qui se joue à sa surface, où pointe déjà
l’orange de la rouille. L’artiste réaffirme ainsi l’idée, souvent abordée dans son travail, que l’un des outils
principaux du sculpteur est le temps.
Dans la salle principale de la galerie, cinq sculptures illustrent tout un arsenal de techniques
caractéristiques de l’artiste, témoignant de sa polyvalence. Huma Bhabha soumet son matériau initial, le
liège, à une série d’incisions, perforations, rehauts ou couches de peinture, entre autres procédés
d’inscription. Ici, de manière notable, elle utilise de nouveaux gestes techniques et éléments formels
frottant de l’argile humide à la surface des zones obtenues en taillant dans la masse – une couche de
couleur et de texture qui donne aux sculptures une dimension supplémentaire. Les œuvres présentées
dans l’exposition font se côtoyer des agglomérats de matière et des endroits bien plus ciselés dessinant
des membres ou des chairs meurtris. Incarnant ainsi le désordre, la déliquescence ou encore l’état
d’entropie, elles paraissent à la fois émerger de quelques décombres et y être ensevelies pour toujours.
Certaines comportent des têtes squelettiques, façonnées à partir de crânes d’animaux, d’argile, de
grillage, de polystyrène et de liège. Les socles en bois noir sur lesquels sont installées les sculptures leur
confèrent une aura de relique mortelle ou d’artefact venu d’un autre monde.