On ne se lasse pas de la méticulosité
du trait qu’elle appose à l’encre et qu’elle colorie et estompe avec du fard à paupière. Nul hasard que l’on soit alors séduit
par ces atours. « Je maquille le monde » dit-elle en riant. La feuille de papier devient la seconde peau de l’artiste sur laquelle
elle explore les cités d’or que recèle le paysage. Comme un perpétuel renouvellement de l’éphémère qu’on a tant aimé et
dont on s’aperçoit, une fois qu’il a disparu, que c’était l’image latente du bonheur. Les dessins d’Hélène Muheim se tiennent
ainsi, fragiles et délicats, sur cet entre-deux entre beauté éphémère et image rémanente, persistante. Dans la grande
tradition des artistes voyageurs romantiques, qui aimaient peindre les détails du monde, elle nous offre, dans cette nouvelle
exposition, sa poétique de l’ailleurs, suspendue entre deux-mondes, le mémoriel et l’imaginaire, jamais vraiment figée, nous
laissant au bord, dans une contemplation doucement inassouvie.
Julie Chaizemartin
Journaliste et critique d’art
Texte écrit à l’occasion de l’exposition We’ll keep on blooming