Samedi 10 juillet 2021,14H45-17H
THÈME:
INTRODUCTION A LA PENSÉE DE HARTMUT ROSA : ACCÉLÉRATION, RÉSONANCE, INDISPONIBILITÉ
DÉBAT:
POURQUOI LA MODERNITÉ NOUS REND-ELLE SI PEU HEUREUX ?
Hartmut ROSA: « rendre le monde indisponible » (la Découverte, 2020)
Dans son dernier livre « rendre le monde indisponible » - le philosophe et sociologue allemand Hartmut Rosa, s’inspirant autant de la phénoménologie de Merleau-Ponty que du jeune Marx, des penseurs de l’école de Francfort, Adorno et Horkheimer, que de Hannah Arendt, avance une critique socio-économique et écologique de notre monde en croissance perpétuelle mais qui ne nous rend pas heureux.
Depuis au moins 250 ans, l’homme recherche la maximalisation des ressources – il a rendu le monde disponible par la techno-science - ce qui au cours des deux derniers siècles s’est soldé par un « progrès » incontestable.. Mais aujourd’hui nous devons accélérer notre exploitation des ressources terrestres (la mise à disposition de la planète) rien que pour rester au même niveau d’avant. En résulte la compétition entre nations et individus, ce qui engendre colère, frustration et dépression chez les individus en proie à un sentiment d’impuissance face à la promesse de toute-puissance de la part de leurs dirigeants.
Néanmoins on ne peut résoudre un problème social de manière individuelle, même si chacun peut s’adapter, apprendre à gérer son stress, à travailler sa pleine conscience…
Au lieu des objets disponibles à l’infini qu’on nous propose, nous sommes en réalité à la recherche d’une interrelation ou interaction avec le monde qui nous entoure. Nous voulons atteindre quelque chose qui n’est pas « à notre disposition ». Le véritable objet de notre désir est ce qui nous échappe, dit H. Rosa : « le tour de passe-passe littéralement magique du capitalisme consiste à faire en sorte que nous soyons continuellement déçus par les objets acquis », mais d’en convoiter toujours d’autres, ce qui explique le « must » de l’innovation.
Le jeu de l’accroissement sur le mode de l’appropriation et du contrôle visant la mise à disposition du monde perd son sens.
A terme nous serons contraints à la décroissance. La question est de savoir si nous souhaitons la subir en raison d’un désastre (catastrophe écologique ou nucléaire) ou si nous voulons en être les acteurs.
COORGANISÉ par: www.rencontres-et-debats-autrement.fr