Entre 1868 et 1871, Annan livrera au moins 31 photographies qui connaîtront deux éditions de son vivant (1872 et 1877) et une autre posthume dirigée par son fils et successeur James Craig Annan (1900). Le musée d'Orsay conserve l'exemplaire complet de l’édition limitée de 1872, la seule sous la forme de photographies originales sur papier albuminé, dont une sélection est présentée dans cet accrochage.
Le terrain des opérations d'Annan, exigu et manquant cruellement de lumière, s’avère particulièrement ardu pour un photographe muni de matériel encombrant et fragile, obligé de réaliser toutes les opérations chimiques sur place. Annan est fidèle à la commande lorsqu'il oriente son objectif vers le bâti lui-même, tel qu'observable depuis les ruelles. Mais ses images sont résolument construites de manière à accueillir des touches d’humanité aussi fortes que spontanées : linge à sécher, silhouettes fantomatiques saisies dans un mouvement que les temps de pose ne permettaient alors pas d’enregistrer avec netteté, ou visages d’habitants intrigués, observant à distance l’opérateur étranger aux lieux.
Par sa finalité et son contexte officiel, l’entreprise d’Annan se rapproche de celle de Charles Marville, dont la série dite « Album du Vieux Paris » (1865-1868) avait été commandée par la ville de Paris avant les destructions programmées par le baron Haussmann.
Par sa thématique et une sensibilité personnelle, cette première campagne photographique dédiée à l'habitat insalubre, qui précède de deux décennies celle du photojournaliste et réformateur Jacob Riis à New York (How the Other Half Lives - Comment vit l’autre moitié, 1890) impose Annan en tant que pionnier de la photographie documentaire et sociale.
Paris
Capitale d'une nation moderne
=) 14 Août 2022
De 1855 à 1900, cinq expositions universelles se sont tenues à Paris, dans lesquelles les architectes ont trouvé un véritable terrain de jeu. Réagissant au signal donné en 1851 par le Crystal Palace de Joseph Paxton, construit à Hyde Park, en plein Londres, Napoléon III veut manifester en 1855 le prestige de son nouveau régime impérial grâce à l’Exposition organisée à Paris.
Pour les expositions universelles suivantes, des palais sont construits dans des styles variés, ainsi que des gares et des constructions spectaculaires, le plus souvent éphémères.
Parmi les projets exposés dans cet accrochage, seule la Tour Eiffel, construite pour l’exposition de 1889, a perduré dans l’espace urbain parisien, devenant le symbole même de la capitale française.
Accrochage présenté au rez-de-chaussée, fond de nef, au sein du nouvel espace «Paris, capitale d'une nation moderne»