"Les tableaux de David Raffini commencent très souvent par une histoire. Les amours endormies est celle d’un personnage mythologique allongé sur une plage, au crépuscule, que l’artiste racontait à ses filles pour les endormir, comme le font des milliers de parents chaque soir pour leurs enfants, ici ou là, aux quatre coins de la planète. Sauf que peu d’histoires sont inspirées par la mort du Caravage et de Pasolini (qui ont pour point commun d’avoir fini leur vie sur une plage), et encore moins deviennent des grandes images, peintes sur une toile. Le tableau n’est en rien bucolique, comme son titre pourrait l’indiquer. Point de dormeurs ou de dormeuses, point de héros ou d’héroïnes gisant au sol. Malgré le halo lumineux situé en son centre, l’image est quasiment abstraite. Le paysage n’est qu’une sensation, une impression. Il n’est qu’un prétexte. Le récit se cache plutôt dans les plis, les tâches ou les nervures qui apparaissent quand le regard dépasse le seuil de la représentation.