Lenz Geerk – Rute Merk – Alexis Ralaivao
Il est possible de concevoir la vie comme une série de choix créant un circuit d'actions-réactions à travers lequel nous
construisons note propre chemin. Sommes-nous donc le résultat de facteurs externes qui façonnent notre condition et ainsi
influencent nos choix ? Comment le poids de ces questions laisse-t-il des marques sur nos visages, nos gestes ou nos postures ?
Cette exposition rassemble des voix qui explorent ces sujets à travers leur travail. Les peintures de Rute Merk nous guident
à travers un labyrinthe de sa propre conception. Dans cet univers parallèle, le ciel est une aurore scintillante sans marqueurs
spatiaux pour nous ancrer. Les couleurs dynamiques de l'arrière-plan dialoguent avec l’expression énigmatique du personnage.
La juxtaposition du fond et du premier plan crée une tension à travers laquelle chaque élément envoie un message différent.
En l'absence d’indicateurs spatiaux, notre regard se porte sur les personnages sans offrir aucune autre résolution. Chaque tableau
nous enrobe dans un circuit fermé nous laissant avec plus de questions que de réponses. Dans Viola, 2021, une femme, les bras
croisés sur une balustrade, nous regarde nonchalamment. Son expression vide prend part à une conversation insondable avec les
sujets de Lenz Geerk. L’inertie des pianistes aux visages taciturnes assis près de leurs métronomes souligne une atmosphère tendue.
Considérez chacune des peintures de Geerk comme l’un des indices d’une énigme insoluble. Une instabilité se mêlant au raffinement
imprègne les couches de l'image. Les pianistes parlent moins avec leurs visages et plus avec leurs corps. Nous arrivons à la fin du concert
et ressentons la dernière vibration parcourant l'air. Alexis Ralaivao nous invite dans son monde par le biais d’une lumière éthérée qui baigne
la peau de ses sujets d'une lueur sensuelle. Les peintures sont oniriques. Pourvues de tons chauds qui se fondent harmonieusement dans une
ode à la tendresse, chaque pièce est un extrait d'une plus grande histoire d'amour. Un collier repose contre l’ébauche d’un décolleté, des perles
tombent en cascade sur un oreiller. Ailleurs, la douceur des mains tenant délicatement des clémentines évoque une intimité charnelle.
Les couleurs nous invite dans un monde intime nous rapprochant d'un étranger pour qui nous ressentons de l'affection, sans pourtant
l’avoir jamais rencontré. Notre regard est celui de l'amant, non celui de l'observateur externe. C'est dans ces moments intimes que réside
l'amour, enfoui dans les subtilités du quotidien. La présence de ces trois artistes dans une même pièce se fond en une symphonie.
Leur monde est intemporel ; leur géographie, poreuse. Dépourvus de marqueurs spatio-temporels, les personnages existent simplement
à travers leur immobilité.
Lara Atallah