La galerie anne barrault est heureuse de présenter une nouvelle exposition de Pierre Moignard, à l’occasion de la publication de sa monographie aux éditions Dilecta.
Pierre Moignard serait-il de ces utopistes, sublimes et dérisoires, encore capables d’entraver la marche des colonnes de chars ?
Contre le flux à haut débit des images actuelles, il dresse les digues précaires de son imagerie grinçante.Aux apologues de la « glisse », aux chantres de la vague et du courant, il préfère l’humble héroïsme du castor, celui des bâtisseurs de châteaux de sable (…) au surgissement hirsute, en tout point opposées à «l’oeuvre d’art-ruban à tout le mètre inépuisable ».
La phrase par laquelle s’ouvre son film Holyland Experience: « L’ancien n’est plus, le nouveau n’est pas encore », déverrouille le sens de chacune de ses oeuvres. La lame qui sépare l’hier du demain sculpte ses tableaux. (1)
Animé d’une exigence farouche, année après année, Moignard a élargi, affiné son panthéon artistique. Guston, Titien, de Kooning, Goya, récemment Picasso, lui ont inspiré une série de tableaux composites. Constatant que ces « phares » avaient nourri leur plus beau feu de leurs observations sociales, de leurs engagements politiques, Moignard, de la tour d’ivoire de l’art a bientôt occupé les créneaux…
La notion d’« images dialectiques » (dans sa complexité) rend assez bien compte de la nature des oeuvres de Pierre Moignard. Fruits de l’application méthodique d’un principe de contradiction, elles lui doivent leur puissance de révélation. (2)