Depuis quelques années déjà, l’œuvre de Guillaume Talbi avance masquée de blanc, fluide et enveloppante, comme animée de mouvements lents et incertains. À observer les dernières sculptures on pourrait presque penser à un préquel naturellement exécuté de la pandémie que nous venons de traverser, un antépisode de vie mesurée où les couleurs se diluent et se propagent aux extrémités de formes qui nous interrogent plus qu’elles ne nous rassurent. S’agit-il d’une nature expansive ou bien plutôt d’une faune aux contours et extensions mal définis ? Peut-être un peu des deux ou bien faut-il voir l’ensemble comme la résurgence du monde d’avant, à moins que cela ne soit tout simplement déjà l’affirmation visuelle de celui d’après. Les époques et les images se brouillent. Il n’est pas question ici de sculpture de genre mais d’un genre de sculptures qui puise seul ses origines dans la rémanence d’une situation vécue, abandonnant autant que faire se peut le prolongement d’un geste par trop souvent répété en écho à l’histoire de l’art.