Au moment de voir le classement des programmes les plus vus de l'histoire, la surreprésentation des évènements liés à la famille royale britannique est frappante : l'enterrement d'Elizabeth II, le mariage du Prince William et les obsèques de Lady Di occupent les trois premières places avec plusieurs milliards de spectateurs chacun à travers le monde, preuve de l'attention que cristallise cette famille autour d'elle. A l'occasion du couronnement du nouveau roi Charles III, la fondation Henri-Cartier Bresson revient sur un "autre couronnement" ayant également déclenché l'enthousiasme populaire : celui du roi Georges VI.
Ce qui intéressa le photographe, c'est moins la vue de la famille royale que celle du peuple la regardant dans les rues de Londres. Il fut ainsi surpris par l'ingéniosité dont fit preuve ce peuple pour assister à cet évènement de manière optimale. Tandis que certains mirent à profit leur audace pour accéder à des spots cachés, d'autres portèrent grands-mères et enfants à côté de ceux qui, munis d'un miroir de poche l'ornaient pour en faire un objectif. Le tout dans un décor qui semble si électrique qu'il nous fait oublier que l'image est inerte. C'est tout le génie d'Henri-Cartier Bresson que vous pourrez donc retrouver dans sa fondation à partir du 5 mai.
Le couronnement du Roi George VI, le 12 mai 1937 à Londres, fut l’un des événements les plus médiatisés de l’entre-deux-guerres. Employé depuis quelques mois par le tout nouveau journal communiste Ce Soir, Henri Cartier‑Bresson est sur place pour couvrir les festivités. La plupart des autres reporters cherchent à photographier le moment du couronnement, le passage du carrosse ou l’apparition de la famille royale au balcon. Mais ce n’est pas là ce qui intéresse Cartier-Bresson. Bien davantage que le nouveau monarque, il préfère photographier le peuple qui le regarde passer.
Des solennités du jour, il ne retient que le spectacle de la foule des badauds massés sur le chemin du cortège. Il réalise là d’étonnants portraits de ces regardeurs au cou tendu, qui ont trouvé un poste d’observation en hauteur ou se sont hissés sur les épaules d’autres spectateurs. Le photographe est particulièrement fasciné par les différents dispositifs d’augmentation de la vision adoptés pour l’occasion qui vont du banal miroir de poche au périscope en carton, en passant par le rétroviseur simplement fixé au bout d’une tige.
Après une première publication dans Ce soir, la série d’images est reprise dans Regards, le mensuel du Parti communiste français, sous le titre « Ceux qui regardaient… ». Il y a, dans ce jeu des points de vue, plusieurs inversions : celle du photographe qui tourne le dos au Roi pour photographier le peuple et celle des spectateurs faisant volte-face pour mieux observer le souverain. En retournant ainsi le regard, Cartier-Bresson imagine le renversement du pouvoir.
Biographie
Né en 1908 à Chanteloup, Seine et Marne, Henri Cartier-Bresson commence par étudier la peinture à l’atelier d’André Lhote à Paris avant de se consacrer à la photographie. En 1931, après avoir voyagé un an en Afrique, il achète son premier Leica.
Son travail fait l’objet de publications et expositions dès 1933, d’abord à l’étranger puis en France. Il voyage en Europe, au Mexique puis aux États-Unis. Intéressé par le cinéma, il rejoint le groupe Nykino et assiste Jean Renoir en 1936 et 1939. Il réalise, dans la même période, trois documentaires sur la guerre d’Espagne.
Le 23 juin 1940, il est fait prisonnier et parvient à s’évader en 1943 après deux tentatives infructueuses. Le Museum of Modern Art (MoMA) de New York lui consacre une exposition en 1947 et, la même année, il crée avec Robert Capa, David Seymour, George Rodger et William Vandivert, l’agence Magnum Photos. Il passe ensuite trois ans en Orient.
De retour en Europe, il publie en 1952 son premier livre, Images à la Sauvette. Il réalise par la suite de nombreux voyages et décide au début des années 1970 de se consacrer au dessin. Celui que l’on surnomme « l’œil du siècle » a été le témoin des grands événements du XXème siècle : funérailles de Gandhi en Inde, derniers jours du Kuomintang en Chine, premières photographies de l’URSS après la mort de Staline… À sa disparition en 2004, il laisse derrière lui un patrimoine unique dans l’histoire de la photographie, qui ne cesse de faire l’objet de nouvelles interprétations grâce au travail de la Fondation Henri Cartier-Bresson, créée en 2003 avec son épouse Martine Franck et leur fille, Mélanie.
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Sortie créé le 30/07/2023