John Baeder, Robert Bechtle, Charles Bell,
Robert Cottingham, John DeAndrea, Ralph Goings,
Duane Hanson, John Salt
Focus #2 – Hyperréalisme Américain
Il y a cinquante ans, l’irruption de la télévision
dans les salons, la popularisation de la photographie et
sa généralisation dans la publicité et la presse, et enRn
le succès du cinéma, imposaient ce qui semblait être, à
l’époque, une ultime dématérialisation des choses par
l’image. Cette révolution des années 1960 ressemble
aujourd’hui à une vaguelette dans le tsunami où nous
sommes noyés. (…)
Dans cette ubérisation du monde où le temps
indéterminé du selRe circulant sur le Web compte plus
que le temps de notre présence dans un lieu donné, ce
sont désormais des photos de pages de livres, postées
sur Instagram, qui déterminent le succès de ces
ouvrages. La pollution visuelle qui nous suffoque au
quotidien, où les images véhiculées par le Web et les
réseaux sociaux dirigent désormais notre manière de
voir et d’être vus, n’est pas sans lien avec le fait que
l’hyperréalisme intéresse de nouveau une jeune
génération d’artistes. Apparus à peu d’années
d’intervalle, le Pop Art puis le photoréalisme reçurent
d’abord le même accueil glacial : était-ce la critique ou
la célébration d’un royaume de la consommation, de la
généralisation de la laideur, et d’un urbanisme sans
urbaniste ? Les deux furent discrédités pour le manque
de professionnalisme des artistes : après tout, ces
peintres ne se limitaient-ils pas à « copier » des objets
et/ou des photographies, qu’ils se contentaient les uns
et les autres d’agrandir ? Ce qui ressemblait à du
cynisme nous semble aujourd’hui d’une incroyable
fraicheur ; ce qui se faisait passer pour des copies a été
depuis célébré comme de la peinture, dont nous
redécouvrons, aujourd’hui, autant la complexité que la
virtuosité formelle. Aussi faut-il se pencher de plus près
sur ces toiles qui ressemblent à des images mais qui sont
bien, de près, des tableaux. (…)
La demi-douzaine d’appellations du mouvement dit
« photoréaliste » ou « hyperréaliste » (…), le nombre de
textes écrits sur le choix d’un de ces termes et le nombre
de critiques émanant des artistes du mouvement, en fait
un des exemples les plus intéressants de « faux »
mouvement de l’histoire de l’art. Est-il légitime de
rassembler des artistes qui ont travaillé sans se connaître
sur des sujets et avec des techniques similaires ? Les
multiples expositions récentes et la découverte de
générations postérieures, semblent valider le choix des
critiques-galeristes qui avaient investi sur ce
rassemblement. La question posée au mouvement – vrai
ou faux ? - fait écho à celle que le mouvement pose, et ce
n’est pas un hasard. Ces peintures faites à partir de
photographies ne sont-elles que des copies « froides » -
c’est-à-dire un type de réalisme – ou le début d’un récit –
une forme d’irréalité ? Vraies ou fausses images ? Vrai ou
faux mouvement ? »
Extraits du texte de Camille Morineau « les vrais fausses
images de Robert Cottingham » in Robert Cottingham,
Fictions in the Space Between édité par la galerie GP & N
Vallois, 2019
Liste des inscrits (1/5 reste 4)
Liste d'attente 
Sois le premier à poster un commentaire sur cette sortie !