FERNAND TEYSSIER
1937 - 1988
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Le Dernier des Apaches
Ses œuvres sont le fruit de combinaisons d’images empruntées à la bande-
dessinée, au photojournalisme, au cinéma, à la publicité ainsi qu’à de vieux
journaux du début du 20è siècle. L’artiste juxtapose des images de super héros et
de personnages historiques, de pin-up et de bombardiers, d’astronautes et de G.I.,
de stars et de femmes anonymes, entremêlées à un vocabulaire symbolique que
l’artiste conservera par la suite : la vis, la main, les chaînes et les menottes.
Il prélève également dans le réel des objets ordinaires et en fait des personnages
à part entière des « histoires » ou des rebus qu’il compose, non seulement sous
forme de photographie de cet objet, mais aussi à travers sa présence effective.
Parmi les matériaux utilisés dans les collages, se trouvent ainsi un vrai porte-clés ;
des tranches de charcuterie sous vide ; des étiquettes de produits alimentaires ;
des emballages ; un oiseau mort ; des mikados ; des plumes ; une tétine ; un
morceau de cagette ; un fragment de dentelle…
Et il n’hésite à piocher quelques tampons dans la trousse de sa fille Serpentine,
âgée de 5 ans, pour instaurer une ambiance familière et légère.
Un surprenant dialogue entre culture de masse et art du passé est également
établi, comme dans la toile avec deux pin-ups et madone, ou dans cette
réinterprétation, de type film noir, du tableau La Mort de Marat de Jacques-Louis
David.
Toutes ces collisions et ces effets de contrastes - entre drôlerie et violence, entre
le familier et la menace, entre la publicité et le reportage de guerre « livre en
spectacle la société du spectacle »16. Comme le résume Michel Gauthier en
s’inspirant des thèses de Guy Debord, les œuvres de la figuration pop en France et
partout dans le monde « font bien plus que révéler l’abondance des images, elles
donnent à comprendre que ce sont elles qui dorénavant gouvernent et informent
notre rapport au monde. La société postmoderne a substitué le spectacle à
l’expérience »17
.