Temps mythologiques et emprunts à diverses civilisations de l’histoire humaine ont formé et marqué les sculptures en céramique de Farida Le Suavé. L’artiste appartient à son temps tout en le dépassant. Archaïsme et contemporanéité sont étroitement enlacées dans ses œuvres riches, toute en suggestions à l’équilibre fragile. Il y a dans ses formes un écho humain indéniable ; elles sont langoureuses, désireuses, adroites et maladroites, tragiques, drôles, sensuelles et parfois en souffrance. Si les orifices peuvent introduire une ambiguïté par leur référence à l’objet-contenant, l’artiste s’en empare et la détourne en insufflant aux œuvres une respiration.
La couleur de la terre est celle de la peau – blanche, rouge, noire… leur texture est lisse, soyeuse telle un derme. Sur la surface de certaines pièces ondulent ornements, signes et symboles dessinés au crayon de couleur – tel des tatouages. On y lit paysages, rythmes et incantations. Les dessins, rébus et énigmes sur papier que créée Farida Le Suavé depuis l’enfance trouvent ici un terrain nouveau. Ils font peau avec ses œuvres en volume comme les peintures rupestres de nos ancêtres font corps avec les parois du monde sous-terrain qui les porte.