Fabienne Stadnicka est une peintre aux mains d’or, véritable alchimiste de la matière et du temps. La galerie Cyril Guernieri lovée au cœur de Saint Germain des Prés à Paris, se métamorphose en une galerie de portraits sans âges, douce réminiscence d’un temps révolu, faisant ressurgir les lumières du passé. Fabienne Stadnicka nous conte ici une histoire singulière, faite de fragments et de tôles usées, rongées par la rouille, et ramenées à la vie par le geste d’une artiste virtuose. Loin des rebuts des carrières laissés à l’abandon, le métal se fait ici dentelle fine et délicate, support d’un raffinement inouï pour accueillir les peintures de l’artiste. Des teintes chaudes et cuivrées, en écho à la corrosion du métal, déclinant les nuances d’ocre jaune, de rouge brun ou d’orangé, dans un ton sur ton vibrant. Par ce geste, l’artiste vient esquisser les contours de figures évanescentes, réveillant nos mémoires, en fixant ces regards que l’on détournait jusqu’alors. Fabienne Stadnicka explore cette frontière poreuse entre le passé et le présent, entre la matière brute et la dentelle fragile, entre la sculpture et la peinture, brisant les derniers remparts de la mémoire. Peintre de la paix des âmes, l’artiste nous invite dans un théâtre des ombres, inventant un prodigieux répertoire d’icônes. Des icônes anonymes et intimes, à fleur de métal, qui composent une nouvelle esthétique du fragment, comme autant de morceaux de temps oubliés qui rejouent sans cesse leur disparition sans jamais y succomber.