Jean-Christophe Norman
Dans la figure du fleuve s’inscrit l’idée d’un chemin, d’un écoulement, d’un passage d’amont en aval. Métaphore classique du cours de la vie, le fleuve s’est doté d’un lexique allégorique fait de méandres, de cours et de courants, de crues, de sources et de ressacs. Un lexique qui trouve écho dans le vocabulaire de bon nombre de nos grands récits.
En tant que métaphore, le fleuve nous aide à dire nos existences : nous offre des images pour parler des épreuves et des directions que nous empruntons. Il nous permet aussi d’apprendre à nous connaitre davantage. Ainsi parle Marlow dans le livre de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, lorsqu’il annonce que « Remonter le fleuve, c’était se reporter, pour ainsi dire, aux premiers âges du monde (…) si bien qu’on finissait par se croire ensorcelé, détaché désormais de tout ce qu’on avait connu autrefois, quelque part, bien loin, dans une autre existence peut-être ».