Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, quitter la ville apparaît être une échappatoire. Alors qu’il fut un temps où la ville était le lieu de tous les possibles,
elle peut se révéler étouffante, objet d’ennui, d’isolement, voire de danger. La situation sanitaire, écologique et économique actuelle attise d’autant plus une
certaine tentation de l’exode urbain.
La ville et ses tourments ont pourtant inspiré des générations d’artistes. Certains - des impressionnistes Monet et Caillebotte aux street artists qui s’approprient la
ville en passant par les photographes Andreas Gursky ou Michael Tsegaye et Andrew Esiebo - documentent et jouent avec les mutations de l’espace urbain,
son harmonie comme son chaos. D’autres, tels Houston Maludi sont happés dans ses méandres et fascinés par le rythme de son architecture. Si la ville nourrit
l’imaginaire, elle est également source d’aliénation. Le peintre camerounais Jean David Nkot illustre ce rapport de domination du territoire sur le corps à travers
sa série «The Shadows of Space» où la ville efface les visages de ceux qui rêvaient d’elle.
L’exposition «Quitter la ville», s’écarte de l’agitation citadine et offre une immersion totale dans la nature accueillante et luxuriante des artistes Moustapha Baidi Oumarou et Omar Mahfoudi.
Aussi bien dans l’œuvre de l’un que de l’autre, la nature symbolise un idéal. Si l’un redessine le monde et l’autre capture la «beauté mystique»
avec ses pinceaux, tous deux explorent cet «homme fleur» : être sensible, symbole d’humanité et de joie, porteur d’espoir et d’optimisme.