Exposition collective
"Show, Memory and Soul - Amani Bodo, Gosette Lubondo, Eli Made"
Regarder, et voir le visible – et l’invisible. À travers
trois médiums totalement différents, les artistes
réunis dans cette exposition nous offrent trois va-
riations sur l’apparence. Ostentation chez Amani
Bodo, fantômes ou mirage chez Gosette Lu-
bondo, énigmes derrière les visages d’Eli Made.
L’apparat et la mise en scène sont au cœur de la
« sape », thème cher à Amani Bodo qui est passé
maître dans l’art de représenter les sapeurs et
leur don pour l’élégance et la fantaisie.
Les sapeurs font leur première apparition signifi-
cative dans sa peinture à partir de 2015. Ils sont
très présents dans sa première exposition per-
sonnelle (Tambola malembe, Kinshasa, 2016), avec
une série intitulée « Tous sapeurs », dans laquelle
il met en scène des célébrités internationales à la
façon des sapeurs congolais. Messi le roi Léo
(2015) est de ceux-là. Puisant dans l’imagerie de
la grande tradition classique du portrait en pied, il
représente Lionel Messi dans la pose familière
d’un grand roi. Avec ce sportif parmi les plus mé-
diatisés et ce clin d’œil au portrait d’apparat bien
connu de Louis XIV, Amani Bodo nous plonge
doublement dans la question de la représenta-
tion.
S’ensuivent à partir de 2017 de très belles repré-
sentations de sapeurs, notamment quatre ta-
bleaux où ils posent avec des oiseaux. Jouant sur
la correspondance entre le plumage des volatiles
et la recherche vestimentaire, Amani Bodo laisse
libre cours à sa fantaisie et à ses talents de colo-
riste. Son Sapeur bilengi ya nzoyi (2023) procède
de la même recherche et du même plaisir à jouer
sur le parallèle entre la nature (ici les abeilles) et
le goût des hommes pour la parade. Avec What
sape (2023), il illustre avec humour l’omnipré-
sence du smartphone et la place des nouveaux
outils de communication dans le jeu du paraître
et sa compétition.