Jonathan Pornin

Le jour où le monde

L’ahah poursuit son cycle de cartes blanches aux artistes qu’elle accompagne. Ainsi, c’est au tour de Charlie Boisson, artiste de l’association depuis sa fondation, de s’en saisir pour y inviter l’artiste français Jonathan Pornin pour un solo-show à #Moret du 22 avril au 24 juin.

Des peintures de Jonathan Pornin émane une «belle étrangeté». L’exposition Le jour où le monde proposera un voyage à travers les différents déploiements de la pratique picturale de l’artiste. Des oeuvres majeures issues de séries plus anciennes y côtoieront d’autres, récentes et inédites.
Oscillant entre abstraction et figuration, les peintures de Jonathan Pornin se donnent tels de troublants paysages. Ces visions oniriques puisent leur source dans des souvenirs d’enfance, de vacances en Auvergne et de ces hautes terres traversées par des routes sinueuses, et portent en elles les questionnements de l’artiste. Au commencement, le recouvrement total de la surface, des aplats de couleurs primaires mais également des trames, des cercles et des lignes. Puis le surgissement de quelques indices de paysage. Enfin parfois, la stratification d’éléments empruntés à l’univers du textile, à la cartographie, à la géométrie ou encore à l’imagerie scientifique.
Que nous est-il donné à voir ? Nous hésitons, nous plissons les yeux, nous tentons de reconstruire ce que nous voyons, de décrypter les signes – est-ce un oeuf, une mandorle ou une calotte crânienne ? Mais l’ambiguïté entre forme et image, entre abstraction et figuration, demeure. Viennent à l’esprit les paysages fragmentés de Piet Mondrian des années 1910. Et si les peintures de Jonathan Pornin peuvent également évoquer le sublime de la peinture romantique germanique, nulle nature déchainée, nulle présence humaine ici.
Nous sommes seul·e·s face à des mondes inhabités où des étendues colorées façonnent le ciel et la terre, de part et d’autre d’une ligne d’horizon mouvante. Paysages idylliques inquiétants ou dystopies ravissantes ? De «belles catastrophes», comme les qualifie Jonathan Pornin.

Attentive au compagnonnage amical et artistique, L’ahah est heureuse et fière d’accueillir cette première exposition personnelle à Paris de Jonathan Pornin.