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UNE invitation pour LA 1ère personne (sans carton et non accro aux seules gratuités) inscrite après moi pour venir voir cette expo
À première vue, tout oppose les pratiques de Claire Nicolet et Valentin Ranger. Mais au-delà des apparentes divergences, ce sont ici leurs points de convergence, plus nombreux qu’ils n’y paraissent, qui font toute la justesse de ce face à face. L’antinomie entre absence de l’être vivant au profit du paysage chez la première, et son abondance chez le second, au point de faire passer son environnement à l’arrière-plan, sont en fait tout aussi fallacieux. Discret, l’humain n’en est pas moins présent dans les œuvres de Claire Nicolet, dont les immeubles, fenêtres et autres encadrements de portes ont tous été conçus d’après les dimensions de notre espèce, que l’envahissante végétation dépeinte semble inciter à l’humilité. Quant aux espaces chez Valentin Ranger, ils comptent autant que les corps en ce qu’ils plongent le public dans son imaginaire touffu, déployé de la surface du papier à celle de l’écran vidéo. Dans leurs œuvres les plus récentes, d’ailleurs, les deux artistes saturent chacun à leur manière leur support : malgré l’impression de vide souvent ressentie devant les peintures de Claire Nicolet, par exemple, il serait bien difficile d’y trouver un espace non recouvert par la matière. Juste avant de citer le jardin, constante obsession de Claire Nicolet, comme type d’hétérotopie où plusieurs espaces peuvent coexister, Michel Foucault donnait l’autre exemple des scènes de théâtre et leur capacité transformative, permettant sans cesse à de nouveaux espaces de s’y succéder… à l’image des diverses situations simultanément représentées par Valentin Ranger dans ses créations matérielles et virtuelles. L’exposition s’amuse joyeusement de ces dialogues sous-jacents jusqu’à inviter les jeunes plasticiens, tous deux archivistes assidus de leurs pratiques, à mettre à nu leurs expérimentations dans l’espace de la galerie. Le long d’un mur sont accrochés des dizaines de croquis, mots et phrases griffonnés sur feuilles A4 par Valentin Ranger, étapes originelles de ses recherches dévoilées ici pour la première fois, tandis que sur une table sont disposés de petits assemblages en volume colorés de Claire Nicolet, espace dont elle fera son établi pendant la durée de l’exposition.