Au fil des quelque 150 pièces, recueils de poésie, romans et journaux intimes qui constituent son œuvre, Lars Norén (1944-2021) n’a cessé de sonder les tréfonds de l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus sombre, voire de plus effrayant, sans toutefois se départir d’un certain humour. La pièce Stilla liv (“Still Life” en anglais), écrite sur plus de dix ans et mise en scène en 2017 à Dramaten, le Théâtre dramatique royal de Suède, en est une parfaite illustration. 90 scènes sans réplique, comme autant de tableaux, se déroulent dans une fiction temporelle, quelque part entre 1890 et 2015, et dressent un portrait poignant de la société suédoise en pleine évolution.
Lars Norén a ensuite imaginé donner à cette pièce, fragmentaire et onirique, une autre forme : celle d’une exposition au cœur de laquelle le visiteur serait immergé, passant de scène en scène dans l’obscurité, devenant lui-même un énième acteur de ces vies silencieuses. C’est avec Bobo Ericzén, réalisateur de films et photographe, que Lars Norén a mené ce projet jusqu’à sa mort prématurée en janvier 2021. L’exposition a vu le jour à l’automne 2022 au Nationalmuseum à Stockholm sous le titre Stilla liv (Still Life).