Le regard d’Éric Dubuc se pose sur le monde à la manière d’un scalpel. Qu’il peigne la violence ordinaire de la rue ou le misérable réalisme des intérieurs, son art rejoint une forme de cruauté, jusqu’à la déchirure. La froideur impitoyable de la vie urbaine est figurée dans des scènes de bar désenchantées où des personnages solitaires se côtoient sans se rencontrer, ou bien dans des métros où règnent l’indifférence et l’anonymat. Son œuvre est aussi composée d’autoportraits anguleux marqués par la mélancolie, ainsi que par de nombreuses fenêtres, toujours fermées, au travers desquelles se dessine un monde proche et pourtant hors de portée.

Outre l’acuité précise du décor, ses œuvres font souvent preuve d’une grande attention portée aux visages, dessinés d’une ligne sinueuse capable de traduire la « physionomie du psychisme » qu’il retient de ses cours d’anatomie. La même veine expressionniste s’exprime dans son goût pour la flétrissure des corps vieillissants, toujours rendus d’une manière sèche et précise, refusant toute forme de pathos. Grâce à un don de la famille de l'artiste en 2022, dix œuvres d'Éric Dubuc sont entrées dans les collections du musée. Cette présentation est complétée par des œuvres provenant du Musée Carnavalet - Histoire de Paris et du Centre national des arts plastiques, ainsi que par un certain nombre de prêts de la famille.

 

Commissaire : Julia Garimorth, conservatrice en chef au Musée d’Art Moderne de Paris