L’épithumia ou le cirque des émotions.
Épithumia: Convoitise, désir, passion pour ce qui est défendu, luxure.
Pour Nasreddine Bennacer, le cirque est le lieu où toutes les émotions et les passions s’intensifient. Les performances sous le chapiteau, qu’elles soient acrobatiques, comiques ou dramatiques, ont le pouvoir de captiver et de transporter le public dans un monde de merveilles et de suspense. Le cirque est le lieu où les désirs et les passions exacerbées se fondent dans l’épithumia. Les dompteurs, jongleurs ou cracheurs de feu et autres divertissements excitent les émotions et les appétits du public en repoussant les limites de ce qui est physiquement possible. Rappelons que les jeux du cirque romain se terminaient fatalement par des mises à mort attendues et désirées par le public.
Comment comprendre l’enjeu de la destructivité dans la création ? Quels sont les processus de sublimation et les jeux de la pulsion de mort dans le processus créatif ? Avec Nasreddine, les œuvres deviennent des lieux de diverses mises en scène d’un instant catastrophique, traumatique dont il tente d’atténuer la violence par tout le travail de sublimation inscrit dans le geste créatif. L’invention artistique se dressant alors comme un rempart aux processus de déliaison et de néantisation tout en les matérialisant conjointement pour en faire une oeuvre permanente, à la fois conjuratoire et cathartique. L’artiste en nous faisant percevoir à travers ses œuvres le dépassement des forces contradictoires nous délivre ainsi de la tyrannie des désirs et des pulsions.
L’épithumia, ou le cirque des émotions.
Commissariat : Pascal Odille