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https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/07/20/victor-iriarte-realisateur-de-dos-madres-j-ai-envisage-le-film-comme-un-jeu-un-jeu-tres-serieux_6253216_3246.html
La bonne santé du jeune cinéma espagnol n’est plus à démontrer. Victor Iriarte en fournit un nouvel exemple avec Dos Madres, un premier long-métrage qui témoigne d’un formidable appétit de cinéma. Evoquant l’affaire des bébés volés sous le franquisme, crime d’Etat à grande échelle, il imagine la rencontre entre deux mères spoliées, l’une biologique, l’autre adoptive, autour de « leur » enfant commun, vingt ans après les faits. Iriarte fait partie de ces cinéphiles compulsifs qui combinent la pratique à l’expertise, puisque, outre ses activités artistiques, il est également sélectionneur pour le Festival de San Sebastian et programmateur de salle. Natif de Bilbao, dans le Pays basque, il s’est formé à Barcelone, notamment dans la sphère d’Isaki Lacuesta, confrère et complice dont il fut l’assistant.
Je suis né en 1976, quelques mois après la mort de Franco. Cela fait maintenant quelques années que les gens de ma génération posent d’autres questions sur l’histoire récente de l’Espagne, parce que nos parents nous ont transmis le récit officiel : « La démocratie est arrivée et tout était nouveau. » On se doute bien que la transition ne fut pas si simple, parce que les institutions se sont maintenues. Contrairement à des pays comme le Chili et surtout l’Argentine, l’Espagne n’a jamais soldé les comptes de la dictature sur le terrain judiciaire. J’ai des amis très proches qui n’ont jamais connu leur père ou leur mère biologique. Réunissez cinq personnes autour d’une table et l’une aura vécu des faits similaires : quelque chose d’étrange survenu à l’hôpital, à l’église, en pension catholique… C’était donc pour moi une vraie question, à poser depuis notre présent.