UNE invitation pour LA 1ère personne (sans carton) inscrite après moi pour voir cette expo
DIANA THATER
Dans la Galerie 2.
Dans une architecture qui évoque celle du théâtre laissé à l’abandon de la ville de Pripiat aux abords de Chernobyl, des images sont projetées sur les parois. Celles du théâtre en question mais aussi d’autres visions : statue de Lénine, rues désertes, forêts, et puis ceux qui apparaissent comme les protagonistes, un troupeau de chevaux de Przewalski, une sous-espèce équine très ancienne, menacée d’extinction, et placée ici à titre expérimental.
Chernobyl a été filmé dans la zone d’exclusion, dans l’espace de 2 200 km2 situé autour de la centrale nucléaire et à l’intérieur duquel on considère que la radioactivité est trop élevée. Une vie animale s’est pourtant développée dans cet espace à la fois irrémédiablement souillé mais rendu à la vie sauvage. Des vies à la fois fragilisées, transformées et mises en danger par les conditions toxiques, mais aussi encouragées par la disparition des humains et l’arrêt de leurs activités. De l’aube au crépuscule, le film élabore un dialogue complexe sur cet enchevêtrement de nature et d’artifice, de beauté et de toxicité, d’innocence animale et de saccage industriel. Il déstabilise par le contrepoint qu’il instaure sur l’observateur et l’observé : par moments, ce sont Diana Thater et l’équipe de tournage qui apparaissent à l’écran, devenant ainsi habitants, passants, protagonistes.
Le dispositif plonge le spectateur au cœur de l’architecture irradiée, en immersion, et le confronte, comme le font souvent les œuvres de Diana Thater, à la multiplication simultanée des plans et des points de vue : l’image du réacteur incriminé désormais scellé par un sarcophage de béton et de plomb alterne avec celle des chevaux en liberté, mais que l’on devine en sursis. Chernobyl place les regardeurs en situation de proximité avec la catastrophe et ses interminables conséquences, révélant la démesure des sociétés industrielles contemporaines, autant que l’imbrication et l’interdépendance des formes de vie.