Hector Castells Matutano
Je ne vois rien. Une couche transparente brûle mes yeux : elle est partout. Peut-être qu’elle me regarde. Je sens qu’il est là mais il est encore invisible. Si je la déshabille, deviendra-t-elle visible ? C’est comme un vent constant amplifié par la gravité.
La série de travaux présentée dans cette exposition consiste en des images montées sur des négatoscopes (1) recyclés. Les 4 pièces – 3 photogrammes (2) et un collage – sont composées de bandes de films diapositives de différents formats. En capturant sur le film des plumes, des plastiques et des taches, Hector Castells Matutano cherche dans cette série à suspendre le temps afin de construire un espace (ou un vide), où il peut donner une présence spectrale à ces objets qui l’attirent par leur légèreté et leur translucidité.
La pratique d’Hector Castells Matutano est construite à partir d’un journal visuel basé sur la collecte d’images sur diapositives qu’il trouve ou qu’il produit lui-même par des procédés photographiques analogiques. Ces images sont ensuite montées sur différents supports, qu’il s’agisse de films, de projections, de performances ou de collages.
Marion Bataillard
De l’architecture et des danses, Marion Bataillard nous en donne à voir dans ce nouveau cycle de peintures. Urbanité transfigurée, corps parlants, couleurs vibrantes, charpente concrète des grands panneaux aux formes découpées… D’emblée, le géométrique fait cadre, tel un contrepoint aux mouvements et aux expressions des figures très humaines qu’elle nous présente. Puisque rien n’est droit dans la nature, le rectiligne, élaboré par l’homme, équilibre autant qu’il contraint les irréductibles méandres du corps.
Car c’est bien cela que ce déploiement d’espaces semble pointer : nos corps, nos corps diversement affectés. Les personnages de Marion Bataillard nous présentent une gestuelle intrigante et polysémique. À la fois teintées d’ordinaire et pleines d’élans à assouvir, leurs attitudes laissent deviner une symbolique exigeant interprétation. Calmes, souriants ou souffrants, les visages nous offrent une présence troublante, qui ne peut que focaliser le regard. Seraient-ce ces faciès, les véritables sujets des tableaux ? Ceux-ci vont parfois jusqu’à se faire tronies, ces grimaces de la peinture néerlandaise du siècle d’or.