WHEN HEARTS BEAT WITH LOFTY DREAMS
Dans notre salle de galerie intérieure, l'artiste accueille les visiteurs avec un champ d'ignames - Seed Yams of our Land. Ces tubercules en céramique sont disposés en rangées, triés et ordonnés comme ils le seraient dans une grange. En revanche, présentés ensemble, ils deviennent des corps précieux, autant d'objets de convoitise que d'allégories de domination. Onuzulike joue avec leur apparence, variant les formes et les états de dégradation. Il les voit comme une métaphore de l'exploitation humaine et de la violence. Le groupe ethnique Igbo du Nigeria considère l'igname comme une culture sacrée et prestigieuse, un « lieu d'origine et de nourriture ». Autrefois principale ressource économique, les récoltes d’ignames en bonne santé représentaient l’espoir d’un avenir meilleur pour chaque famille. Mais au fil du temps, les conditions de culture de l’igname sur le continent africain se sont détériorées. En citant la perte d’un symbole traditionnel d’espoir et de réussite économique, Onuzulike souhaite attirer l’attention sur la nécessité de transformation et de régénération.
Bien qu’enracinée dans la société nigériane et africaine en général – dont il tire ses références et ses observations – la réflexion d’Onuzulike résonne également à l’échelle mondiale. Comment la façon dont les gens se présentent aux autres parle-t-elle d’eux en tant qu’individus ? Comment échapper à la fatalité de sa condition sociale ? Quelles sont les possibilités de changements et de transformations positifs dans le monde ? Quand nos cœurs battront-ils avec de nobles rêves ?
OMAR MAHFOUDI
Le projet Dans la maison d'Omar Mahfoudi, emprunte son titre à un film de François Ozon. À l'image du récit qui interroge la frontière entre fiction et réalité, Omar Mahfoudi plonge le spectateur dans un décor domestique, entremêlant souvenirs et fantasmes. Le visiteur entre-t-il dans une réplique du repaire de l'artiste ou dans une version romancée de sa « maison » ? La même ambiguïté – entre réalité et fantasme – se dégage des visages qui habitent ses œuvres : figures anonymes, elles dégagent une étrange familiarité. La présentation joue avec ce sentiment de déjà vu, bousculant nos repères en interrogeant les notions de réel et de faux. Analogue à un décor de cinéma, Dans la maison incarne la place primordiale qu'occupe le 7ème art dans la pratique d'Omar Mahfoudi. Elle invite le spectateur à déambuler entre le salon éphémère et l'atelier de l'artiste. La télévision du salon diffuse en boucle des vidéos réalisées par Omar Mahfoudi en 2018. Incarnant la diversité de ses aspirations et de ses techniques, elles sont un aperçu de ses souvenirs, des routes de Tanger à ses plages. En fond sonore, une musique entraînante s'échappe d'un tourne-disque. Faisant allusion à la passion de l'artiste pour la musique - il a ouvert une boutique de vinyles à Tanger en 2023 - et à son éclectisme, les chansons, jouées à l'infini, reflètent ses inspirations qui peuvent même apparaître dans les titres de ses œuvres. Aux murs, encres sur papier et acryliques sur toile se déploient dans une mosaïque. Rassemblement d'instants passés, de scènes romancées et de figures obsessionnelles qui vont et viennent, elles font parfois référence aux éléments mêmes du décor. Cette mise en abîme participe à l'atmosphère étrange, voire surnaturelle, qui imprègne l'art d'Omar Mahfoudi. Des toiles inachevées posées au sol mettent un terme à cette déambulation dans l'imaginaire d'Omar Mahfoudi. L'encre coule et se mêle à l'eau dans une danse créative jusqu'à décider du dessin final.