Rencontres du 7e art

"Désordres"
un film de Cyril Schäublin (2023)

Les Fiches du cinema

"Un film d’une beauté esthétique insigne, résonnant à plein avec notre rapport actuel au temps."

Positif

"Cyril Schäublin rend sensible la domination paternaliste, le chantage feutré et les sourdes tensions qui composent le quotidien d’un écosystème."

Telerama
"Malgré une fiction minimaliste et des effets de cadrage parfois inutilement conceptuels, ce premier film fascine par la précision de son observation et la richesse de sa documentation."

Après la projection du film, pour ceux qui le désireront, il sera possible de participer à un echange autour de l'oeuvre animé par Daniel Ramirez.

Présentation de la séance par Daniel Ramirez :
"Le travail, cette réalité omniprésente dans notre vie en société. Nous savions, depuis que Karl Marx a décortiqué sa logique productiviste et d’exploitation de la main d’œuvre, qu’il a un rapport intrinsèque entre le travail et le temps. Le temps du travail, le temps de la vie : mesuré, organisé, comptabilisé. Même si la métaphore peut paraître facile, quoi de plus expressif de ce rapport au temps, que les horloges. Ici, on les fabrique, et on les utilise, justement pour mesurer le travail de ses producteurs, en l’occurrence, des ouvrières. Fin du XIX siècle ; c’est donc un film historique, social, et politique. C’est une époque ou les mouvements sociaux, socialismes, anarchisme, communisme, sont encore en germes. Un film politique, mais d’une douceur totalement inédite ; c’est peut-être l’omniprésence de ces femmes. On peut aussi y faire connaissance d’un personnage que pour les studieux de l’histoire de la pense écologique nous est familier, Piotr kropotkine, un prince russe, explorateur, géographe et naturaliste de génie, mais aussi leader anarchiste. Ce communisme ou socialisme libertaire, autogestionnaire, si différent de ce qu’on a connu sous l’inspiration léniniste, injustement laissé de côté, car cela n’arrangeait ni les orthodoxies marxistes ni le capitalisme, a existé, a fonctionné et mérite d’être plus connu.

Mais ce film, qualifié d’«ovni», catégorie facile pour des objets volants qu’on a du mal à classer, nous réserve bien de surprises, une esthétique somptueuse, une profondeur philosophique et une lenteur toute suisse. Le temps nécessaire pour faire une horloge de grande qualité est aussi un rythme, une patience, une passion, et les femmes ont peut-être accès plus naturellement. Cela nous conduit aussi à réfléchir au comment on produit aujourd’hui, avec quelle vitesse et quelle durabilité, avec quelle connaissance du processus global et du mécanisme interne de la chose produite, avec quel goût pour le travail manuel bien fait et pour la belle ouvrage. Un plaisir pour les yeux et pour la pensée."

Après le débat, nous pourrons nous retrouver autour d'un café pour échanger et faire plus ample connaissance.

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Le  débat est compris dans le prix de la place de cinéma : 8,30 €

*un mot sur Daniel Ramirez :
A fait ses études de philosophie à Santiago du Chili, tout en menant parallèlement des études de musique. En 1984 il fini ses études de philosophie sur “ Nietzsche et l’art ”. A Paris, il fait un D.E.A. en philosophie de l’art à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), puis un doctorat en philosophie morale et politique avec une thèse intitulée « IDENTITE CULTURELLE ET DIMENSION ETHIQUE, une réflexion à partir de la pensée de Charles Taylor ». Il fini aussi ses études de musique à l’Ecole Normale de Musique de Paris et développe une carrière de concertiste. Il est auteur d’un volume de poésie, édité au Chili et des nombreux articles de théorie de l’art, ainsi que des conférences sur l’esthétiques et critique de la culture, tant en France comme en Amérique Latine.

Depuis 20 ans, il participe dans la mouvance des “cafés philosophiques” en France, assurant l’animation au premier de ceux-ci en France, invité par Marc Sautet, le fondateur de cette activité. Il a animé des multiples débats avec la présence des philosophes et penseurs, comme Paul Virilio, Albert Jacquard, Christian Godin, Albert Kahn, Miguel Benasayag, Jean-Pierre Dupuis, Bertrand Vergely et Edgar Morin.

Il est le créateur du concept ciné-philo (travail philosophique à partir des films), animateur et programmateur de cette activité au cinéma L’Entrepôt à Paris, depuis 1997. Ses intérêts philosophiques couvrent l’histoire de la pensée, depuis la Bible et les sagesses anciennes jusqu’à la phénoménologie et la philosophie morale et politique contemporaine, avec le souci de rendre accessible ces problématiques au public non-spécialiste et d’élargir les “ usages ” de la philosophie hors de ses domaines habituels.