Derniere séance du ciné-philo aprés plus de 20 ans de partages, d'echanges et de découvertes

"Ours d’or à Berlin, le second long métrage de Mati Diop confirme la volonté de la cinéaste franco-sénégalaise de déconstruire les genres, insufflant de la fiction et du fantastique à son documentaire sur la restitution au Bénin d’œuvres dérobées pendant la conquête coloniale française."
Bande à Part
"Un documentaire qui traite son sujet avec autant d’intelligence que de poésie."
Libération
"Documentaire aux dispositions fantastiques, fréquentant ouvertement la fiction, le film est une envoûtante réussite en style libre, qui renferme des abîmes sur le préjudice colonial. Ses éclats sombres, sa poésie stoïque, renouvellent la marque d’une cinéaste qui rôde sans peur dans un au-delà du film à sujet ou de la plate narration."
Après la projection du film, pour ceux et celles qui le désireront, il sera possible de participer à un echange autour de l'oeuvre animé par Daniel Ramirez.
Présentation de la séance (par Daniel Ramirez) : "Restitution, c’est un mot étrange. On restitue ce qu’on a dérobé, ce qu’on a soustrait illicitement. La restitution est un acte politique, symbolique et historique, qui a, entre autres mérites, celui de démontrer qu’il y a bien eu spoliation dans le cadre de la colonisation. Bien sûr la colonisation, la traite triangulaire, la dépossession de biens, de personnes, des corps, de richesses, des territoires, minéraux et produits des plantations, sont connus. Mais il y a aussi le vol d’ouvres d’art. Objets symboliques, quelque fois, sacrés, chargés d’histoire et de signification pour ces peuples qui ls ont vu partir, qui les ont parfois oubliés. Des objets chargés d’un « aura », aux dires de Walter Benjamin, d’une charge imaginale, dans les termes de Henry Corbin. Et si, utilisant une langue plus populaire, on pourrait dire simplement que en emportant certains objets, les colons avaient dérobé d’une certaine façon l’âme de ces cultures ?
Aujourd’hui on parle d’appropriation culturelle, de possession non légitime, et donc, de restitution ; un processus long et complexe qui ne fait que commencer. Mais, peut-on rendre une âme qu’on a soustrait ?
Avec des buts commerciaux, ou pour le plaisir de collectionneurs, avec l’excuse de mieux les conserver, de les mettre à dispositions de larges publics, avec des finalités culturelles, de prestige, de pouvoir ; en tout cas, des milliers d’objets de grande valeur ont été amenés des colonies pendant des siècles. Pourquoi vouloir s’emparer de telles trésors ? C’est une question difficile. Les gestes de restitution actuels, ne sont-ils que des façades des élites politiques qui s’achètent une bonne conscience à peu des frais ? Ou bien ce n’est que le commencement d’une véritable reconnaissance des droits des peuples dans le cadre d’une décolonisation aussi culturelle et spirituelle ?
Au fait, à qui appartient la beauté ?
Ce documentaire, bref, originale et poétique, qui donne la voix à ceux qui son en général voués au silence, qui nous embarque dans ce voyage de retour, entre des évocations d’outre-tombe et des débats de jeunes universitaires au Bénin, ex-Royaume de Dahomey, d’où proviennent ces ouvres qui rentrent au pays, pourra donner une réponse aux difficiles questions qui soulève cette histoire ? En tout cas, une occasion nous pencher sur ces sujets difficiles.
Un fil stimulant pour une dernière séance de ciné-philo à l’Entrepôt, activité commencée en 1997."
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Le débat est compris dans le prix de la place de cinéma : 8,50 €
*un mot sur Daniel Ramirez :
A fait ses études de philosophie à Santiago du Chili, tout en menant parallèlement des études de musique. En 1984 il fini ses études de philosophie sur “ Nietzsche et l’art ”. A Paris, il fait un D.E.A. en philosophie de l’art à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), puis un doctorat en philosophie morale et politique avec une thèse intitulée « IDENTITE CULTURELLE ET DIMENSION ETHIQUE, une réflexion à partir de la pensée de Charles Taylor ». Il fini aussi ses études de musique à l’Ecole Normale de Musique de Paris et développe une carrière de concertiste. Il est auteur d’un volume de poésie, édité au Chili et des nombreux articles de théorie de l’art, ainsi que des conférences sur l’esthétiques et critique de la culture, tant en France comme en Amérique Latine.
Depuis 20 ans, il participe dans la mouvance des “cafés philosophiques” en France, assurant l’animation au premier de ceux-ci en France, invité par Marc Sautet, le fondateur de cette activité. Il a animé des multiples débats avec la présence des philosophes et penseurs, comme Paul Virilio, Albert Jacquard, Christian Godin, Albert Kahn, Miguel Benasayag, Jean-Pierre Dupuis, Bertrand Vergely et Edgar Morin.
Il est le créateur du concept ciné-philo (travail philosophique à partir des films), animateur et programmateur de cette activité au cinéma L’Entrepôt à Paris, depuis 1997. Ses intérêts philosophiques couvrent l’histoire de la pensée, depuis la Bible et les sagesses anciennes jusqu’à la phénoménologie et la philosophie morale et politique contemporaine, avec le souci de rendre accessible ces problématiques au public non-spécialiste et d’élargir les “ usages ” de la philosophie hors de ses domaines habituels.
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