UNE invitation gratuite pour LA 1ère personne (sans carton et non accro aux seules gratuités) inscrite après moi2 pour venir voir ces 2 expos
l’artiste belge Edith Dekyndt s’empare des vitrines du passage de la Bourse de Commerce. Profondément liée à la marchandisation et à la colonisation, la notion de vitrines naît véritablement au moment de l’industrialisation, des premières expositions universelles. C’est de ce constat initial et de la présence forte et structurelle de la toile panoramique de la Rotonde qu’Edith Dekyndt a construit son projet qui met en lumière son profond intérêt pour les choses au travers des notions de natures mortes, de tableaux vivants, d’objets actifs. Comme elle le dit, l’image l’intéresse « en tant que phénomène d’apparition, de résurgence, dans le mouvement ». Au travers de ces sujets, c’est le questionnement de l’apparition de l’œuvre d’art et de son statut en tant que tel qu’Edith Dekyndt interroge, cette ambiguïté ; cette suspension entre deux états : celui d’objet et celui d’œuvre d’art, dont elle explore la limite extrême.
Tacita Dean utilise le film, la photographie, le dessin, le collage. Son œuvre se distingue par l’attention qu’elle porte au temps, par l’invitation qu’elle lance au hasard, avec l’incertitude pour corollaire. À la dématérialisation des images, à leur consommation frénétique, l’artiste répond par la lenteur, par l’œuvre de la main, en réinvestissant, avec une patience appliquée, la matérialité de ces médiums et l’amplitude de leurs formats. À la craie, au pinceau, avec la pellicule analogique, à travers la photographie argentique, elle invite à faire l’expérience physique de l’œuvre, jouant des échelles, entre le monumental et l’infime, l’éternel et l’éphémère. Dans la Galerie 2, le temps géologique croise la fugacité d’une floraison : les temporalités contrastent pour mieux nous aider à saisir l’ineffable. Un dessin inédit, The Wreck of Hope (2022), de plus de sept mètres de long, reproduit un glacier millénaire à la craie : la fragilité de la matière rend à la fois délicatement et radicalement perceptible celle de ce géant du fond des âges périclitant. Des photographies Sakura (Taki I) (2022) et Sakura (Jindai I) (2023) montrent des sakuras, prunus japonais, dont les branches sont étayées pour soutenir leurs floraisons éphémères, symbole de la renaissance cyclique de la vie. En retouchant ces monuments au crayon de couleur, l’artiste expose autant leur vénérabilité que leur vulnérabilité. L’artiste montre ici ces immortels en voie de disparition, avec la force et la tension qu’aucune image d’actualité ne saurait contenir.