Dean Monogenis
Xippas a le plaisir de présenter la troisième exposition personnelle du peintre américain Dean Monogenis dans son espace parisien.
L'exposition réunira une sélection de nouvelles peintures réalisées au cours de l'année écoulée et s'ouvrira par la présentation de la nouvelle monographie de l'artiste, Higher Ground, à l'occasion du vernissage.
Zone de réalité fictive
« Dès que les humains apparaissent, tout commence à changer. » Cette phrase, prononcée par l'un des protagonistes du film Stalker d'Andreï Tarkovski, pourrait s'appliquer aux paysages peints par Dean Monogenis. De vastes panoramas montagneux bordés de lacs limpides dont le chatoiement hypnotique est traité par une condensation de bandes colorées qui introduisent, dans l'immensité de la nature, une composition géométrique artificielle. L'artiste joue avec la résurgence d'un minimalisme coloré à la Donald Judd dans les profondeurs des paysages classiques, répondant à la perspective albertienne. L'infiltration de cette cohabitation de styles interroge le statut de l'image : réalité ou simulation, construction mentale ? Le trouble s'installe. La fenêtre ouverte par le peintre devient une zone de « réalité fictionnelle » à explorer. En effet, si tout, à la surface, semble adhérer à un réalisme du « déjà vu », le regard se perd inlassablement dans le mystère de l'inconnu. Et l'intégration parcimonieuse de la présence humaine, suggérée seulement par quelques éléments architecturaux – maisons modernistes perchées à flanc de pic rocheux ou tentes de campeurs dressées au bord de l'eau – renforce l'illustration du pèlerinage solitaire.
Mais ces indices familiers ont aussi le pouvoir de modifier imperceptiblement notre regard sur la nature. Si les sublimes montagnes enneigées incarnent notre désir d'évasion dans des environnements sauvages, elles posent aussi la question de l'impact de l'homme sur cette carte postale idyllique. L'œuvre The Ability to Forget (2024), au titre explicite, n'évoque-t-elle pas ce sentiment de perdre quelque chose de précieux, voire de vital ? Une minuscule structure pyramidale surplombe un grand barrage fluvial tout en contemplant avec un émerveillement placide la beauté innocente de l'eau qui coule de la montagne. Comment la main de l'homme a-t-elle modifié les contours des paysages ? Un retour à la nature, souhaité par la lutte environnementale pour retrouver une vie idéale, non polluée et non industrialisée, est-il possible ? « À y regarder de plus près, ces scènes font aussi référence à notre temporalité et à l'incertitude de ce que nous trouverons dans ce lieu parfait », souligne l'artiste.