La séance du lundi 6 octobre à 20h30 sera suivie d'une rencontre avec Alice Odiot et Jean-Robert Viallet, réalisateurs du film, Maître Frédéric Zajac, avocat pénaliste au barreau du Val d'Oise et en présence d'un représentant de la Direction Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Séance organisée en collaboration et avec le soutien du barreau du Val d'Oise et de la Direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse (DIRPJJ) – Île-de-France.
Réalisé par Alice ODIOT et Jean-Robert VIALLET
documentaire France 2024 - 1h26mn
Du 06/10/25 au 12/10/25

À l’école du trop rare cinéma direct, celui qui ne triche pas et ne vous impose pas à coups de voix off un avis définitif et une supériorité professorale – une école incarnée entre autres par Raymond Depardon ou Frederick Wiseman –, on savait depuis son précédent opus que le duo de réalisateurs marseillais Alice Odiot et Jean-Robert Viallet irait loin : tourné opiniâtrement entre 2016 et 2018, Des hommes proposait une immersion dans la trop fameuse prison des Baumettes. Un exploit de filmer dans un établissement où il est extrêmement compliqué d’entrer et d’obtenir les autorisations nécessaires mais aussi de créer un climat de confiance avec des détenus qui ont bien des raisons de se méfier d’un monde médiatique qui exploite à des fins politiques et caricature trop souvent la figure du prisonnier. Dans le film d’Odiot et Viallet, rien de tout cela : aucun angélisme ni stigmatisation, point de sociologisation, mais un regard précis et une analyse intelligente des mécanismes poussant ces jeunes hommes au trafic de drogues ou à pire (de fait, la majorité des détenus des Baumettes sont impliqués dans des affaires liées au trafic de stupéfiants), la découverte attentive d’êtres humains avec leurs failles et leurs gros défauts mais aussi leurs qualités et même leur beauté, malgré un destin parfois tragique et un avenir très incertain.
Quelques années plus tard, les réalisateurs, creusant toujours le même sillon (ce genre d’obstination n’est-il pas la marque des grands cinéastes ?), ont décidé de s’immerger dans un autre espace clos, celui du tribunal d’instance de Marseille qui juge des prévenus poursuivis essentiellement, encore une fois, pour des faits liés à des affaires de stupéfiants. Une des nouveautés, c’est qu’apparaissent ici des femmes, comme cette première jeune fille qui s’englue dans des explications supposées minimiser son rôle dans un trafic pour lequel elle a été prise en flagrant délit. Fascinante joute verbale entre un juge dont le métier est de pousser l’accusée dans ses retranchements pour tenter de faire surgir la vérité et une jeune femme qui tente de trouver assez habilement des moyens d’éviter de longues années de prison. On découvre, aussi bien à la barre que dans les salles adjacentes où les prévenus rencontrent leurs avocats ou les éducateurs, une réalité complexe et immuable. On pense en particulier à ce tout jeune homme qui, avec une lucidité saisissante, explique froidement à son avocate qu’il est entré dans un engrenage qui le poussera de délit en délit sans possibilité de retour. Prise de conscience bouleversante d’une société discriminante et d’une justice qui tente de gérer l’impossible, conduisant des générations de jeunes gens ghettoïsés et souvent racisés à tomber dans les filets du narco-trafic. Tout cela répétons le sans démonstration ou voix off des réalisateurs, sans artifices de mise en scène : juste la réalité brute, des choix habiles de montage, comme celui qui conduit à une implacable scène de fin dont on ne vous dira évidemment rien. Et avec toujours, à côté des réalités judiciaires, le souci de montrer l’humain derrière les prévenus.
Même si elle n’est pas directement énoncée dans ce film choc, se devine derrière ces portraits une réalité politique et carcérale : les maisons d’arrêt sont occupées à 143 % de leur capacité, créant des conditions indignes d’incarcération, peu propices à la réinsertion ; et les 15 / 25 ans représentent 35 % des incarcérés, symptôme d’un système judiciaire qui recourt trop peu aux solutions alternatives à l’incarcération et qui finance très insuffisamment les dispositifs d’éducation et de réinsertion.
Le film commence à 20h30.
Prix des places : 5,50 € la place pour abonnés et 7,50 € en individuel. (Espèces ou chèque. Pas de CB).
Sortie conforme aux CGU du site.
Liste des inscrits (3/10 reste 7)
Liste d'attente 
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