CINÉ-DÉBAT

" MIKADO"

Et le van inlassablement trace la route, en marge de la société, de job d’appoint en petit boulot, faisant escale ici ou là, selon les saisons et les nécessités domestiques. Faut-il que Lætitia et Mikado en aient souffert, de la société, pour à ce point la rejeter et s’astreindre – et leurs enfants avec eux – à cette fuite permanente dans la clandestinité. Pas d’état civil pour leurs enfants, pas d’école (on se débrouille, et plutôt bien, avec les moyens du bord), et surtout pas d’« assistance » sociale. La vie est une aventure, leur aventure… Jusqu’au jour, car ça ne peut sans doute pas durer toujours, où par minuscules fragments, la carapace familiale doucement se lézarde…

On retrouve dans Mikado toute la douceur, la tendresse avec laquelle Baya Kasmi, de film en film (aussi bien ceux qu’elle a co-scénarisés avec Michel Leclerc que ceux qu’elle a réalisés elle-même : Je suis à vous tout de suite et Youssef Salem a du succès), dessine les personnages de ses histoires de familles – plus ou moins fonctionnelles, plus ou moins fusionnelles. Toute l’affection qu’elle leur prodigue ruisselle sur les spectateurs. Cette fois-ci la comédie s’efface derrière la chronique alerte du quotidien et l’émotion qui émane naturellement des minuscules autant que bouleversantes aventures que vivent Mikado, Lætitia et leurs enfants. Tout en subtilité, tout en nuances et en délicatesse… on est instantanément familiers de ces humains-là. Attachants, faillibles, jamais caricaturaux. Toute leur humanité affleure dans les interstices de leurs histoires, dans des éclats de regards, des maladresses non relevées, les rayons de soleils qui révèlent des gestes suspendus. Dans le rôle titre, en animal blessé qui rue dans les brancards, Félix Moati a la lourde tâche d’émouvoir, en en faisant des tonnes avec infiniment de subtilité. Et vous savez quoi ? Ça marche au-delà de nos espérances. Impossible, face à l’énergie rageuse de Mikado, de ne pas se sentir la paupière gonflée de larmes – de compassion, de tristesse, mais in fine de larmes de bonheur. De celles qui nous barbouillent généreusement le sourire quand la lumière se rallume.

Le film commence à 20h30.

Prix des places : 5,50 € la place pour abonnés et 7,50 € en individuel. (Espèces ou chèque. Pas de CB).

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