Charly Djikou est né en 1973, à Bohicon, à 100 kilomètres au nord de Cotonou au Bénin. Autodidacte, il est l’un des rares artistes béninois à travailler en taille directe la pierre — le calcaire, le marbre ou le granit — issue des carrières de Dassa et de Lokossa. Pour lui “ la pierre n’est pas rigide, elle est force ”. Benjamin d’une famille nombreuse, Charly Charlemagne Djikou se retrouve à onze ans dans la rue. Il est confronté à la violence : “ Ce sont les conditions sociales qui font de vous un enfant de rue. Et quand vous vous retrouvez dans cette situation, vous êtes obligé de développer des aptitudes pour vous faire une place dans un univers de jungle où prostitués, brigands et malades mentaux cohabitent à la nuit tombée. "

C’est par l’art qu’il parviendra à survivre et à échapper à cette condition. “ […] Je déambulais de quartier en quartier pour réaliser les dessins publicitaires dans les ateliers de coiffures ou autres, contre quelques pièces de monnaie". À Vossa, quartier lacustre de Cotonou, il découvre alors l’argile. Il délaisse le crayon pour cette matière vivante et malléable qui répond davantage à sa vision artistique. Puis ce sera la pierre dure. “ Ma première rencontre avec cette matière était à Lokossa. Ce contact a fait naître une curiosité en moi et cela m’a emmené à toucher à toutes les pierres du Bénin et à m’exprimer à travers elles” explique-t-il.

Ce souci de l’avenir se concrétise également au travers de la transmission. À Savé, dans le département des collines, il travaille sur un projet visant à faire de cette ville de près de 90 000 habitants une “ cité touristique des empreintes sur pierre ”. Pour ce faire il formera les habitants à la sculpture avec une ambition sociale : “ […] j’ai entrepris de partager ma connaissance avec les jeunes de cette région pour qu’ils ne se laissent pas drainer par l’exode rural. En descendant de leurs collines pour Cotonou, à la quête d’un mieux-être imaginaire, ils finissent souvent par se laisser aller aux choses que je déplore comme le banditisme, la criminalité… ”. Un festival international de sculpture de la pierre devrait également prochainement y voir le jour.

Les œuvres de Charly Djikou ont été présentées dans plusieurs expositions depuis 2003 et ont fait l’objet de commandes publiques au Bénin et en Guinée Équatoriale.