Ce qui emporte la décision, ouvre un dialogue inter-générationnel autour des notions de geste et de décision créative en confrontant le travail de Patrick Saytour, figure fondatrice de Supports/Surfaces, à une jeune génération d'artistes internationaux : Aline Bouvy, Antoine Donzeaud, Chelsea Culprit, Yves Scherer et Julie Villard & Simon Brossard.
Les œuvres de l’artiste que nous avons choisies parlent ainsi de l'hétérogénéité de ses procédures. Elles font un pas de côté par rapport à l’approche sérielle de son travail, et donc par rapport à certaines lectures canoniques du courant Supports/Surfaces : des sangles, des textiles enroulés, des vêtements, qui déjouent la frontière de l'utilitaire et du décoratif dans lesquels sont piqués des objets figuratifs, des motifs imprimés pré-formés, des compositions de textiles colorés enchâssés qui explorent la relation de la représentation et du modèle.
« Ce qui importe, c’est ce qui emporte la décision », dit Patrick Saytour. Chez lui, le geste comme moyen pur est appliqué à une déconstruction de la peinture en tant qu'objet et dispositif, et lieu où la finalité (de la peinture) est communément régulée. C’est le geste de la reprise qui domine ici. Reprendre, comme on reprend un accroc par la couture. Reprendre comme on s'inscrit dans un « recommencé ». Ses œuvres résistent par l'humour, mais surtout par le witz au caractère « fixé » de la représentation. Le protocole chez lui « emporte la décision ».