DALILA DALLÉAS BOUZAR
Au Palais de Tokyo, le Vaisseau infini se déploie sous la forme d’une grande tente qui accueille le public et de nombreux événements. La broderie interprète un vaste ensemble de dessins effectués par l’artiste sur le site de Tassili N’Ajjer, un plateau rocheux dans le désert du Sahara au sud de l’Algérie où pendant plusieurs millénaires, des personnes ont dessiné leur histoire et leur environnement à ciel ouvert sur les parois de pierre, faisant du Tassili un témoignage unique de l’histoire humaine, de ses relations avec la nature et les animaux, de l’évolution de ses comportements et de ses représentations du genre et des sexualités. Dalila Bouzar voit dans ces dessins la représentation d’une utopie : le passé lointain d’où ils proviennent constitue pour elle un continuum qui nous transporte jusqu’à un futur infini, au-delà des histoires liées à la domination qui constituent le passé récent de l’Algérie.
RAKAJOO
Comme son surnom l’annonce en wolof, la peinture de Rakajoo est têtue. À la manière d’un trait-d’union qui surgit là où la grammaire ne l’attend pas, sa peinture allie et relie les dynamiques désolidarisées, puisant dans son expérience intime pour tracer un récit collectif. Ce trait-d’union qui pourrait qualifier la peinture de Rakajoo est celui qui disparait lorsqu’on évoque l’Afropéanité, mot-valise né d’une contraction d’Africain et Européen. Dans le prolongement des écrits des auteur·ices Johnny Pitts et Leonora Miano, la peinture de Rakajoo trouve ses racines dans cette âme afropéenne caractérisée par une dualité et un pluralisme : être à la fois Africain, Européen, mais être aussi les deux, ensemble, sans dissociation.