possibilité de manger vietnamien ou cambodgien après la lecture et les échanges...
Tout à fait à part, bien qu'il se rattache lui-même à l'EBUV, est le Vénérable Thich Nhat Hanh, fondateur d'une nouvelle école : « l'Ordre de l'Inter-Être » (Tiep Hien).
Installé en France depuis le début des années soixante-dix, il a surtout longtemps été connu aux Etats-Unis et dans les pays anglo-saxons (sa qualité de réfugié politique lui « interdisant » d'être trop « visible » en France...), mais la publication de ses très nombreux ouvrages ont finalement popularisé sa pensée en France. Résidant désormais en Dordogne, au « Village des Pruniers », sa communauté rassemble une centaine de religieux, et dispose de plusieurs « antennes » un peu partout en Europe occidentale.
L'Ordre de l'Inter-Être a été créé le 5 février 1966, à Saïgon, dans le cadre du mouvement de réforme bouddhique des années cinquante, alors que le Viêtnam connaissait la guerre et une répression du bouddhisme. Il s'appuie sur une série de préceptes qui reprennent et développent les Cinq Préceptes de base du bouddhisme, en les modernisant et en leur donnant une coloration nettement sociale, prônant aussi un engagement « politique ». Thich Nhat Hanh, plusieurs fois proposé au Prix Nobel de la Paix par son ami Martin Luther King, est d'ailleurs l'un des co-fondateurs du mouvement des « Bouddhistes engagés », aux côtés du thaïlandais Sulak Sivaraksa et du XIVe Dalaï-Lama.
Thich Nhat Hanh insiste dans son enseignement sur la pratique de la « Pleine conscience », qui s'effectue aussi bien en posture assise que dans chaque acte de la vie quotidienne. Une telle pratique relève ainsi presque autant de la pratique classique du Zen, le zazen, que de la pratique de « l'établissement de l'attention » (satipaṭṭhana) préconisée par l'école du Theravāda [le sud-Viêtnam, d'où est originaire Thich Nhat Hanh, est proche, géographiquement et culturellement, du Cambodge theravādin.].
Remarquable enseignant, écrivain et conteur, Thich Nhat Hanh a su rassembler autour de lui une communauté mixte, ce qui fait de lui, indéniablement, un personnage tout à fait exceptionnel. Son « Ordre de l'Inter-Être » est à vrai dire le seul, aujourd'hui, à réunir ainsi dans de mêmes lieux et pour des pratiques semblables, à la fois des bouddhistes d'origine asiatique et des bouddhistes occidentaux.
La Doctrine (Dharma) a été exposée par le Buddha dans un enseignement connu sous le nom de "Quatre Nobles Vérités". C'est le principal enseignement de son premier discours public, à Bénarès, peu de temps après son Éveil.
Il se présente comme un exposé médical :
Si le constat dressé par le Buddha semble pessimiste ("l'insatisfaction est inhérente à l'existence humaine"), son enseignement, lui, est optimiste puisqu'il affirme que chacun peut retrouver la santé, où toute insatisfaction est abolie.
Pour parvenir à retrouver la santé (on évqoue parfois sa propre "nature de buddha"), il faut s'adonner à l'étude et à l'entraînement.
Les trois premières "Vérités" invitent à l'étude, qui permet de comprendre l'origine de l'insatisfaction (la nature de l'esprit et des phénomènes), explique pourquoi notre expérience habituelle est "erronée" et proclame la possibilité de mettre fin à l'Ignorance.
Ces trois premières "Vérités", développées, expliquées et commentées, constituent la doctrine.
La quatrième "Vérité" préconise l'entraînement par l'application concrète de méthodes aptes à transformer l'expérience habituelle en expérience d'Éveil, libre de toute déformation et confusion.
Cette quatrième "Vérité" expose les principes qui donneront naissance aux différentes formes de la pratique.
D’une aire géographique à une autre, il existe des bouddhismes très différents.
Cependant, on peut définir trois canons historiques que sont le bouddhisme chinois, le bouddhisme tibétain, et le canon pāli, un ensemble de textes attribués à Bouddha lui-même.
En Occident, le terme de philosophie bouddhiste a du mal à s’imposer, peut-être parce que depuis Aristote, nous philosophons une science de l’être qu’est la métaphysique, or dans le bouddhisme, on se sépare de l’être car « rien n’a de substance, tout est processus »...
Quel est l’enseignement du Bouddha ? Le bouddhisme est-il une philosophie du bonheur ?
Le terme de bouddhisme n’apparaît qu’en 1817, c’est un terme occidental comme tous les « isme » qui peuvent exister et sont des manières de mettre dans des petites boîtes des choses qui débordent très largement… On parle plutôt du Bouddha de dharma, le dharma est le sens véritable du mot pour les Asiatiques, ça veut dire : « la nature même des phénomènes », ce qui est derrière l’apparence. On perçoit par nos sens un monde d’apparence, mais est-ce la réalité ? C’est toute la question et le bouddhisme nous explique que non, c’est une manière de projeter notre esprit sur le monde qui nous illusionne et le dharma c’est découvrir derrière les phénomènes apparents ce qu’est véritablement la nature fondamentale de la réalité.
Philippe Cornu
Si on veut comprendre le bouddhisme, il faut laisser tomber Aristote nous disant qu’un phénomène a une substance et que ce phénomène ne varie que dans ses aspects en fonction des causes et conditions qui peuvent interférer avec lui… Mais le phénomène perdure et on est dans un être sempiternel. Dans le bouddhisme on ne voit pas ça de cette manière-là, on voit surtout des processus, et les processus phénoménaux ne durent jamais qu’un instant, ils sont toujours la convergence de causes et de conditions tout aussi transitoires. Il faut comprendre le monde comme un faisceau de causes et conditions qui quand elles convergent constituent un nouveau phénomène lequel est condition de phénomènes suivants… Par conséquent un phénomène ne saurait durer plus d’un instant… On ne peut pas saisir quelque chose et le mettre dans une petite boîte, tout est dynamique, tout est en processus...
Philippe Cornu
Il faut comprendre les mécanismes, observer son esprit, notamment à travers le processus de la méditation mais aussi dans l’éthique. Quand on prend un vœu éthique, en fait on s’observe en train d’essayer de tourner le vœu éthique et on apprend énormément de soi. On observe tous les mécanismes conditionnés qui sont en nous et petit à petit on peut essayer de les défaire. Ce qui compte c’est de détricoter ce que nous avons tricoté dans notre esprit.
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