Recycle Group (Krasnodar, Russie) a été créé en 2006 par Andrey Blokhin (1987) & Georgy Kuznetsov (1985).

Pour leur quatrième exposition personnelle à la Galerie Suzanne Tarasieve, Recycle Group continue d’explorer la double réalité qui s’impose à nous, à la fois matérielle et numérique. Les œuvres en matériaux industriels détournés et matières plastiques recyclées jouent habilement avec les codes de la sculpture traditionnelle pour commenter l’impact des nouvelles technologies et des medias en ligne sur nos modes de vie.

Ils ont transformé l’espace de la galerie en Forest of Expired links, ces liens internet qui ne mènent nulle part, un espace dans lequel l’homme serait éternellement voué à l’errance. Ces liens invalides proviennent de diverses sources, notamment des recommandations de différents États concernant le Covid pendant la période du confinement, sans cesse renouvelées et sans cesse obsolètes.

Dans le fond de la galerie, le panorama fait référence à « Null Island », cet endroit à la fois réel et fictif dont les coordonnées GPS correspondent à 0.0. Un paysage marin, composé de milliers d’alvéoles en plastique, apparaît et disparaît selon le déplacement du spectateur. Il en résulte une image « codée », insaisissable dans son intégralité et sans cesse changeante.

Pour créer Paradise Gardens, Recycle Group a demandé à une intelligence artificielle de réaliser une illustration à partir d’un texte qui imaginait un pays utopique, sans État et sans structure sociale, dans lequel chacun vivrait heureux et en harmonie avec les autres. L’image ainsi créée et réinterprétée par les artistes évoque un jardin d’Eden.

Les haut-reliefs en grillage thermoformé, inspirés de la statuaire classique, donnent à voir avec un grand sens de la dramaturgie les impasses du monde moderne et des nouvelles technologies. Les figures en maille, similaires à des ossatures de modélisation 3D, sont à la fois présentes et absentes. L’idée de la dématérialisation et de la désincarnation est présente dans leurs nouvelles œuvres en plastique noir, coquilles vides qui soulèvent la question de l’omniprésence des emballages.

Les bennes à ordures évoquent également la question préoccupante du traitement des déchets, enjeu majeur de notre époque que les artistes replacent avec humour dans une histoire de l’art alternative.