L’héritage des carnavals de son enfance au Cap-Vert imprègne tout le travail chorégraphique de Marlene Monteiro Freitas, où le dérèglement des genres et la confusion des identités sont de mise. Un travail qui se nourrit d’émotions propres à l’enfance – l’émerveillement, la découverte, le jeu – pour développer une puissance proprement organique. « Une chorégraphie est une forme vivante, imprévisible », aime-t-elle à dire, et c’est aussi le cas d’un match de tennis ou de tout autre compétition sportive. Car c’est au monde du sport, autre forme de dépassement de soi par la virtuosité corporelle, qu’elle s’intéresse dans Canine Jaunâtre 3, à cette grammaire de gestes et d’expressions, ces rituels codifiés et ces émotions contrastées dont la télévision et Internet ont contribué à fixer les images dans nos esprits. Les dix-sept coéquipiers-danseurs, tous floqués d’un même dossard numéro 3, et dont les visages cartoonesques semblent des éléments chorégraphiques à part entière, préfèrent nous entraîner avec eux, tels des automates, vers une autre réalité, où les frontières se brouillent entre l’humain, l’animal et la machine. Ce faisant, Canine Jaunâtre 3 fait montre d’une vitalité et d’une drôlerie absolument jubilatoires.