La silhouette de Notre-Dame-de-Lorette constitue un point d'ancrage visuel fort du IXe arrondissement. Elle émerge dans la perspective de la rue Laffite (ancienne rue d'Artois), coiffée de son fronton et des ses trois groupes sculptés.
Elle est réalisée entre 1823 et 1836 par Hippolyte Lebas, dont le projet est choisi au terme d'un concours qui l'oppose en 1822 à neuf autres concurrents.
A cette époque, sous le règne de Louis XVIII, Paris connaît un essor démographique important qui encourage la création de nouveaux quartiers et lotissements dans la périphérie nord-ouest de Paris.
Après l'urbanisation du faubourg Poissonnière et du quartier de l'Europe, le domaine des Porcherons, futur quartier Saint-Georges, n'échappe pas à la règle.
Cette pression démographique entraîne également l'édification de nouvelles églises, plus grandes. L'ancienne chapelle de Saint-Jean-Porte-Latine érigée au milieu du XVIIIe siècle, rue du Faubourg-Montmartre doit être remplacée. C'est à cette fin qu'en 1822, on organise ce concours.
La construction de ce « temple » à la Vierge qui devait dans un premier temps servir aux paroissiens de la Chaussée d'Antin va accélérer le processus d'urbanisation du quartier Saint-Georges.
Le quartier devient rapidement célèbre au cours de la Restauration par la présence de nombreux banquiers et entrepreneurs qui font réaliser de splendides hôtels, mais surtout par celle des artistes, qui en font bientôt le quartier Romantique par excellence.
La comédienne Mademoiselle Mars, les peintres Delacroix, Géricault, Isabey, Vernet, Scheffer, l'écrivain Georges Sand, le compositeur Chopin et de nombreux autres habitent les abords de Notre-Dame-de-Lorette.
Ce lieu devient également célèbre pour ses jeunes femmes aux moeurs légères, qu'un humoriste baptise bientôt du nom de « lorettes » en référence à la nouvelle église. Elles seront immortalisées par des écrivains comme Balzac ou Zola mais surtout par le crayon du caricaturiste Gavarni.