Repéré par les plus grands marchands du XXème siècle, Auguste Herbin a été de toutes les expositions ayant forgé l’histoire des avant-gardes. Il est présent dans les collections les plus mythiques du XXème siècle naissant, des Allemands Wilhelm Uhde et Henry Simms aux Russes Sergueï Chtchoukine et Ivan Morozov. Herbin est alors exposé dans toute l’Europe. Il est parmi les premiers peintres fauves, dès 1905. Au Salon des Indépendants de 1908, il montre des œuvres cubistes. Dès 1913, il a déjà une carrière internationale remarquée par la critique française et étrangère. Ses reliefs et objets monumentaux des années vingt n’ont pas d’équivalent en France mais l’inscrivent dans une avant-garde internationale ; celle du constructivisme et du néoplasticisme. Son travail est présent dans l’iconique catalogue de l’exposition « Cubism and abstract art » en 1936 dans le tout nouveau Musée d’art moderne de New York.
Après une évolution intérieure singulière ponctuée par une volte-face réaliste parmi les plus captivantes dans ce qu’il est convenu d’appeler le « Retour à l’ordre », il devient dans la France de l’entre-deux-guerres le pionnier et le promoteur d’une abstraction pure, chargée d’humanité et d’une exceptionnelle clarté. L’influence d’Auguste Herbin s’amplifie dans la seconde moitié du XXème siècle. Son ultime langage pictural consiste en un alphabet plastique (1942), un espéranto radicalement débarrassé de l’objet, qui l’aide à affirmer une liberté souveraine. Il devient un mentor pour les futurs maîtres de l’abstraction géométrique et de l’Op Art, et ce, de l’Europe aux Amériques. Cette exposition porte un caractère d’évidence pour des raisons qui vont bien au-delà des années montmartroises du peintre, elles-mêmes cruciales. Animé par la conscience de l’absolu comme l’écrivit Jean Cassou, il cultive une discrétion de travailleur acharné. Il laisse une œuvre multiple, originale et singulière, celle d’un maître à part entière.
Le musée de Montmartre propose de découvrir toute l’œuvre magistrale de ce défricheur infatigable injustement oublié.