ANTICHAMBRE (L')
L’Antichambre est indéniablement une pièce historique, (l’action se déroule au XVIIIème siècle, et les personnages ont réellement existé), pour autant les problématiques qu’elle soulève sont d’une brûlante actualité. Comme il l’a fait avec Le Souper, Jean-Claude Brisville reprend le procédé du dialogue de deux personnages qui défendent chacun une cause opposée à l’autre ; ici, l’éternelle querelle entre les Anciens (incarné par Madame Du Deffand) et les Modernes (en la personne de Mademoiselle de Lespinasse). La dispute philosophique se mue en rivalité amoureuse où le tragique et la comédie se côtoient. La pièce présente alors une double nature qui lui évite de sombrer dans la lourdeur didactique qu’on pourrait craindre d’une œuvre mettant en scène un débat d’idées.
En lisant la pièce, j’ai tout de suite été frappé par la brûlante actualité des thèmes qu’elle aborde ; la cruauté de la condition féminine face à la vieillesse, le sort réservé aux minorités, la reconnaissance qu’on donne ou non aux enfants nés hors mariage, le questionnement sur la place de la religion, la libre circulation du savoir... ces thématiques m’ont permis de faire un transfert temporel : de remplacer mentalement « huguenot » par « musulman », « bâtarde » par « fille d’immigrée », « encyclopédie » par « internet » ou « Wikipédia »... Nous nous sommes donc tenus, tout au long des répétitions, à travailler sur la pensée pour servir au plus juste et au plus percutant les répliques, cruelles, vives et assassines qu’offre Jean-Claude Brisville à ses interprètes.
J’ai délibérément choisi le dispositif scénique le plus léger qui soit afin de ne pas disperser l’attention des spectateurs de ce qui est ici l’essentiel : les idées que défendent les personnages et les drames intérieurs qui les traversent. Aussi ne trouvera-t-on sur scène que deux fauteuils et un tabouret, simplement de quoi s’assoir, sans autre artifice. D’une certaine manière les costumes tiennent lieu de scénographie.
Tristan Le Doze
Le Canard Enchaîné | " La pièce est cruelle. Très. Intense. Brillante. Les acteurs aussi (...) Le metteur en scène Tristan Le Doze se montre non seulement élégant et précis, mais aussi très conscient des échos contemporains qu'a cette pièce. Notre siècle s'y retrouve. " |
SNES FSU | " La pièce saisit le moment d'un basculement historique : de l'art de la conversation au débat d'idées. " |
Arts Chipels | " on éprouve un très grand plaisir à la vivacité pleine d'humour et de repartie des dialogues et à la parfaite diction des comédiens. " |
Sorties à Paris | " un bijou de psychologie subtile et profonde, un sommet d'esprit brillant ! (...) Les trois comédiens excellents dans leurs rôles respectifs portés par les dialogues magnifiques d'un Jean-Claude Brisville particulièrement inspiré. " |