La galerie Semiose se réjouit de présenter une exposition consacrée à Aneta Kajzer, peintre allemande qui façonne la couleur, exploite la dramaturgie de la lumière, et joue sur les possibilités d’interprétation. Sa peinture fusionne des éléments abstraits et semi abstraits. Le « semi » est important parce que, dans ses œuvres, surfaces et formes empêchent toute lecture univoque. Les visages et les personnages redeviennent des taches avec le coup de pinceau suivant, les libres aplats de couleur se transforment en un tournemain en nuages orageux ou en éléments naturels.
Les personnages jouent un rôle particulier et se manifestent sous forme de visages. Souvent, ce ne sont que de discrets points et trait qui évoquent les yeux et la bouche. Dans Halunken (« Fripouilles »), l’artiste a peint deux points vert clair sur des taches blanches. Cet ajout minimal suffit pour que nous y voyions des yeux et tout le visage qui va avec. C’est dans la nature de notre cerveau de distinguer dans la nature, justement, des êtres vivants, ennemis ou amis. Que ce soit dans le motif d’un papier-peint ou dans la fumée d’une cigarette. Le nez de la fripouille est en revanche plus élaboré : une trompe, un nez-pénis, en éveil, se dresse vers le haut. La coloration rosée souligne l’allusion à l’organe génital. Un joyeux pénis, dans une bulle jaune solaire. Tout autour le ciel, qui pourrait être aussi un océan, et des collines rouges qui rappellent des cactus ou une glace en train de fondre. Toute la toile dégage une impression aqueuse et fluide. Voilà un aspect nouveau chez Aneta Kajzer qui, dans ses cycles précédents, créait des espaces plus sombres et plus lourds avec des tons violets et bleus plus profonds.