"Journal de Photographe(s)" rassemble pour la première fois deux signatures majeures du photojournalisme contemporain, Alain Keler et Pascal Maitre. Deux auteurs qui n'ont eu de cesse de raconter le monde en s'interrogeant sur ce qu'ils ont vécu. La galerie Polka a fait le choix de juxtaposer leurs œuvres respectives en réunissant près d'une quarantaine d'images de l'un et l'autre. En noir et blanc pour Alain Keler, et en couleur pour Pascal Maitre.
Sur les murs chaque photo a son histoire, les photographes dialoguent et nous montrent ce qu'ils ont voulu voir, de la guerre en Tchétchénie aux grandes villes du "Sud" africain — Kinshasa, Lagos, Mogadiscio. De l'Irlande du Nord à la jungle de Colombie.
Né en 1945 à Clermont-Ferrand, d’une famille de juifs polonais réfugiée dans la ville de Pascal, Keler a passé sa vie à courir après l’actualité. Ses photographies ressemblent pourtant à des méditations métaphysiques, souvent mélancoliques, sur le temps. Celui qui fabrique l’Histoire, comme celui dont est fait son histoire. Cet aller-retour entre le monde et la conscience donne leur substance aux images de Keler.
Dans le monde de grandes gueules du photojournalisme, ses photos ne font pas de bruit, ne cherchent pas à faire le spectacle. Elles sont toujours chargées de sens. Keler est le photographe des Hommes qui luttent ou renouent avec leur part d’humanité. Mais aussi des foules. Celles qui ont peur, celles qui font peur. Au Moyen-Orient lors des enterrements des leaders politiques. Aux Etats-Unis avec les grandes parades ou les manifestations contre la guerre du Vietnam. En Amérique Latine, sous la pression des dictatures.
Pascal Maitre lui, est né dix ans plus tard, en 1955 dans le Berry, près de la terre et du travail artisan. Un grand-père paysan. L’autre forgeron et maréchal-ferrant. Hasard de la grande Histoire, la plus importante base militaire de l’OTAN en Europe prend ses quartiers non loin de chez lui. Les Yankees débarquent par milliers. L’un deviendra son oncle par alliance. Et lui offrira son premier boitier, un Rolleiflex. Son sésame vers le monde entier. L’Inde d’abord, puis l’Iran, l’Afghanistan, l’Amérique du Sud. Et puis, quelques années plus tard, l’Afrique, qu’il découvre aux côtés de journalistes locaux qui connaissent tout le monde, de la prostituée du coin de rue aux Présidents.