Au-delà d’un bâtiment consacré à l'art moderne et contemporain, le site du Palais de Tokyo – plus particulièrement son esplanade – est aussi un haut lieu du skateboard mondial. Dès les années 1990, l’endroit connu sous le nom de « Dôme » devient rapidement prisé par les skateurs de la scène parisienne, puis internationale, pour ses particularités architecturales et son revêtement. Le Musée d’Art Moderne de Paris souhaite ainsi mettre à l’honneur cette discipline qu’il côtoie au quotidien, et qui est mise en avant par l’organisation des JO de Paris 2024. Après avoir fait son entrée en tant que « nouveau sport » aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, le skateboard fait désormais partie des quatre sports additionnels des épreuves qui se déroulent à Paris cet été.
C’est pourquoi, à cette occasion, le Musée d’Art Moderne décide de donner carte blanche à l’artiste Ari Marcopoulos, connu pour son travail autour de la jeune culture, au-delà du skateboard. En 2021, le Musée fait l’acquisition de son film Brown Bag (1994/2020) – qui est présenté pour la première fois – et dans lequel on découvre des prises de vue de skateurs, filmés par l’artiste au milieu des années 1990 à New York.
Autour de cette projection, l’artiste propose une relecture des collections du Musée d’Art moderne à travers une sélection d’oeuvres qu’il met en parallèle avec ses propres photographies. Incarnations plastiques des différents points de vues que l’artiste souhaite confronter aux oeuvres du musée, les portraits d’Ari Marcopoulos viennent dialoguer avec des artistes tels que Hans Bellmer, Brassaï, Giorgio de Chirico, César, Isa Genzken, Annette Messager, Bruce Nauman, Daniel Turner ou Christopher Wool. Le parcours traite ainsi – à travers une quarantaine d’oeuvres – du mouvement, du corps, mais aussi de l’architecture, thématiques chères aux cultures urbaines auxquelles Ari Marcopoulos s’intéresse depuis le début de sa carrière.
Le Musée d’Art Moderne de Paris m'a invité à réaliser une exposition autour de leur acquisition de "Brown Bag", un court métrage super-8 de skateurs à New York que j'ai réalisé en 1993. Le film est resté non développé dans un sac en papier brun pendant 25 ans et je l'ai redécouvert lors d'un déménagement en 2018, puis je l'ai monté. C'est un trésor qui aurait pu facilement disparaître.
Lorsque le musée m'a proposé de parcourir sa vaste collection et de choisir des oeuvres à exposer avec mon travail, j'ai compris qu'une redécouverte similaire à celle que j'avais faite avec mon film était possible avec la collection, qui compte plus de 15 000 oeuvres. J'ai d'abord été submergé, mais j'ai fini par trouver un moyen de faire une sélection. C'était à la fois une source d'inspiration et une sorte d'éducation. J'ai cherché des thèmes liés au corps, aux blessures et à l'architecture, ainsi que des oeuvres que je considérais comme difficiles et déroutantes. Certains des artistes que j'ai choisis m'étaient familiers, mais d'autres étaient nouveaux pour moi. La découverte de ces nouvelles oeuvres a été exaltante. Je me sentais comme un enfant dans un magasin de bonbons. Le processus n'était pas si différent de celui que j'utilise en tant que photographe et cinéaste. Une grande partie de mon travail consiste à trouver des choses. Mes yeux et mon esprit sont toujours ouverts à ce qui m'entoure - la curiosité et la passion me poussent à m'engager profondément dans le monde. Il n'y a rien de plus enivrant que de se plonger dans un nouveau projet et d'y consacrer son corps et son esprit.
Ari Marcopoulos
27 janvier 2024