Thomas Buswell
Pangloss’s lost candy floss
Un vert pas très frais tendance vert-de-gris domine dans l’œuvre multicolore de Thomas Buswell. Il apparaît
par touches expressionnistes denses sur des tubes métalliques ou plus diffuses sur des serpillères. Presque
partout, cet agent ambigu dépose sa marque invasive. Il est comme ces vergerettes, qui lorsqu’on a appris à
les différencier des pâquerettes, s’infiltrent dans tous nos regards à la campagne et le long des voies de
chemin de fer. Le pigment d’acéto-arsénite de cuivre, dit vert de Paris, parce qu’il était utilisé pour tuer les rats
dans les égouts de la ville, a intoxiqué les peintres de la modernité. Ses vapeurs durant le séchage auraient
provoqué le diabète de Cézanne, la cécité de Monet, les troubles neurologiques de Van Gogh. Ce vert maladif
répété et essoré par Thomas Buswell nous entraîne dans un chthulucène1 détraqué, où machines célibataires,
êtres, objets industriels et naturels, déchets tentent malgré tout de faire écosystème.
Des frémissements de vie sont constatables. Des gerbes de tuyaux d’orgues maintenus sous respiration
artificielle poussent des soupirs ou des râles ponctuels. Un panier de course semblable à une friteuse dans
un module de plan de travail de cuisine bricolé bouillonne d’un liquide noirâtre. Des objets potentiellement
activables comme des grappes de mégaphones restent, eux, inertes. Les écailles de pommes de pin qui
s’incrustent sur leur surface indiquent pourtant un processus de transformation, le passage de l’objet industriel
à vocation d’alerte à une récupération naturelle silencieuse. Forces de décomposition, de calcification, de
ventilation et de régénération se combinent et se relaient dans la chimie de l’exposition. Elles font écho à un
travail d’atelier où rien ne se perd, où les chiffons tachés s’insèrent dans des dessins, où les chutes de bois
servent de cales, où l’eau trouble de l’évier du peintre fait œuvre.
Le tableau en papier de verre Coffee Break, sur lequel un mug rempli de café a été poncé dans un mouvement
rotatif jusqu’à faire fuir le breuvage qui laisse sa marque dégoulinante sur le papier est à la fois une illustration
et le diagramme de cette approche circulaire de l’art.
EUGÈNE LEROY
La Galerie Suzanne Tarasieve est heureuse de présenter dans la project room une exposition consacrée aux œuvres sur papier d’Eugène Leroy (1910-2000). L’exposition rassemble un ensemble de nus féminins réalisés entre 1980 et 1990. Cette sélection met en lumière la vitalité et la profondeur d’un geste qui accompagne et éclaire sa peinture.
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