Nous avons le plaisir de présenter la première exposition personnelle de l’artiste française Barbara Navi à la galerie RX&SLAG Paris, sous le commissariat de Seph Rodney, critique et essayiste reconnu, ancien rédacteur en chef associé du magazine Hyperallergic, contributeur du New York Times, de CNN et de MSNBC, chaîne d’information américaine cofondée par Microsoft et NBC, ainsi que co-animateur du podcast The American Age.

Cette carte blanche confiée à Seph Rodney offre l’occasion d’aborder l’oeuvre de Barbara Navi dans sa dimension la plus vivante : celle d’une peinture en mouvement, traversée par des forces contraires, où la forme émerge de l’informe et s’y résorbe à nouveau. L’artiste développe depuis le début des années 2000 une pratique où son travail dialogue librement avec la photographie, la vidéo, la maquette et le collage. Loin de toute linéarité narrative, son oeuvre explore les passages, les seuils, les instabilités : un territoire d’apparition où la figuration s’éprouve, se trouble et se réinvente.

Barbara Navi part souvent d’un désordre initial, un ensemble de taches, de collages ou d’images hétérogènes qu’elle agence, efface, transforme, jusqu’à faire émerger une forme en équilibre entre présence et effacement. Ce processus, où l’improvisation joue un rôle essentiel, engage une lutte continue entre la construction et la dissolution, entre la rigueur de la composition et la liberté du geste. La peinture se déploie ainsi comme une aventure plastique, ouverte à l’accident et à la découverte.

Dans l’univers pictural de Barbara Navi, les figures semblent surgir d’un réel en suspens, d’un événement dont la trace seule subsiste. Chaque tableau réinvente ainsi un fragment de réalité à partir de fictions picturales, où les formes demeurent prises dans la vibration de leur fond. Ses oeuvres composent un temps éclaté, anachronique, où plusieurs mondes coexistent dans une même image, tels les plans d’un fondu enchaîné. Ce n’est pas la mémoire d’un monde passé qui s’y joue, mais la présence vacillante d’un monde à peine entrevu.

Sa touche fragmentée agit comme une respiration du visible. Elle procède d’une véritable ecchymose colorée (1), zone de friction entre la lumière et la matière, où la couleur semble affleurer depuis la profondeur du fond qu’elle tente de recouvrir. Les teintes se mêlent, se voilent, s’évaporent : elles laissent surgir la densité mouvante du support dont elles émergent. La toile semble traversée par des courants, comme si l’image se formait à la surface d’une eau trouble. Cette mobilité interne empêche toute fixité du motif et engage le regard dans une oscillation continue entre apparition et effacement. C’est là que réside la force singulière de cette oeuvre : dans cette manière d’inventer une peinture qui reste fidèle à sa propre instabilité. Comme l’écrit Hannah Baudet, “contempler une peinture de Barbara Navi, c’est plonger dans les confins de royaumes inconnus (2), dans cet entre-

deux où rêve et réalité, imagination et lucidité, se confondent sans jamais s’annuler. La peinture y garde la mémoire de son propre devenir.

(1) Mon dernier refuge, Numa Hambursin, historien de l’art, directeur du MO.CO., catalogue de l’exposition Sous tant de paupières.
(2) Ces portes de corne et d’ivoire, Hannah Baudet, directrice du centre d’art Le Suquet des Artistes, catalogue de l’exposition éponyme, Cannes, 2024.

La galerie RX&SLAG Paris a le plaisir de présenter la première exposition personnelle d’Alexandre Rochegaussen à la galerie, sous le commissariat du designer et architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch, figure incontournable du design contemporain.

Célébré pour son approche sensible et architecturale du design, Pierre Yovanovitch a su imposer une esthétique à la fois sobre, sculpturale et profondément ancrée dans le dialogue avec les arts visuels. Ses projets, entre l’Europe et les Etats-Unis témoignent d’une attention constante aux matières, à la lumière et à la singularité des créateurs qu’il choisit d’accompagner. Pour cette exposition à la galerie RX&SLAG, il propose de mettre en lumière l’univers pictural d’Alexandre Rochegaussen, artiste dont il suit et soutient le travail depuis plusieurs années.

Leur collaboration n’est pas nouvelle : en 2020 et 2021, il crée à l’invitation de Pierre Yovanovitch le plafond de la « Chef’s table » d'Hélène Darroze à l'hotêl The Connaught à l’hôtel à Londres, ainsi que celui d’une chambre au château de Fabrègues. En 2023/2024 il réalise à la demande du designer une installation dans la chambre de Marie-Laure de Noailles à la Villa Noailles à l’occasion du centenaire du lieu. Chacun de ces projets révèle la complicité entre un artiste et un designer partageant une même sensibilité pour les espaces habités par l’imaginaire.